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Collection « Les sciences sociales contemporaines »


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Réginald Harvey, “Priorités 2005-2006 - Au coeur du changement. Le Conseil supérieur de l'éducation scrute les orientations politiques”. Un article publié dans Le Devoir, Montréal, édition du samedi 13 et du dimanche 14 août 2005.

Texte de l'article

Priorités 2005-2006 - Au coeur du changement.

Le Conseil supérieur de l'éducation scrute les orientations politiques

Réginald Harvey
Édition du samedi 13 et du dimanche 14 août 2005

Courriel de Jean-Pierrre Proulx: [email protected]

Mots clés : Québec (province), Éducation, conseil supérieur de l'éducation

Au-delà des perturbations causées par l'impasse des négociations dans le secteur public, le système d'éducation, du primaire à l'universitaire, est marqué par d'autres priorités. Le Conseil supérieur de l'éducation veille au grain, réagit et fournit des avis aux décideurs politiques sur les orientations qu'ils adoptent afin d'en assurer la bonne marche et l'évolution nécessaire.

Président du Conseil depuis 1982, Jean-Pierre Proulx se penche sur les dossiers majeurs associés aux différents échelons du système. Il jette un regard aussi bien sur les opinions exprimées récemment par ses 22 membres que sur les sujets qu'ils aborderont lors de leurs futurs travaux. Il arrive qu'il y ait concordance ou distorsion entre les vues du ministère de l'Éducation et celles de cet organisme, comme il le fera ressortir en cours d'entrevue.

Entente et divergences

Il aborde globalement un premier point qui est celui des modifications apportées aux régimes pédagogiques : «Il faut dire que le Conseil était largement d'accord avec les dispositions se trouvant dans le règlement du ministère.» Au nombre de celles-ci figurent une augmentation des heures d'enseignement au primaire, passant de 23,5 à 25 heures par semaine, l'ajout (à titre exceptionnel) d'une année au primaire, la révision de la grille des matières du premier cycle du secondaire, l'adoption d'un parcours de formation axé sur l'emploi au deuxième cycle du secondaire, l'établissement d'un bilan des apprentissages et quelques autres encore.

Il y a quatre points qui suscitent des réserves, dont les trois suivants : l'organisation par cycles au secondaire, qui ne lui paraît pas suffisamment significative; l'enseignement des arts en continuité au primaire et au secondaire, qui pose des embûches sur le plan de l'autonomie des établissements et du maintien des centres d'intérêt des élèves; les itinéraires de formation générale en 3e, 4e et 5e années du secondaire, au sujet desquels le Conseil recommande plutôt un parcours commun centré sur un système d'options plutôt que sur deux itinéraires distincts.

Enfin, celui-ci considère que la proposition de fixer l'apprentissage de l'anglais, langue seconde, dès le premier cycle du primaire est prématurée pour le moment : «On a rappelé une chose importante à ce sujet, soit la nécessité qu'on apprenne bien l'anglais à l'école. En d'autres termes, il s'agit d'avoir un enseignement efficace de cette langue. Il nous a semblé que la proposition gouvernementale était insuffisamment justifiée. On leur a dit de prendre un an, ou le temps qu'il faut, pour faire le point sur l'efficacité des méthodes pédagogiques en enseignement de l'anglais, à la lumière des expériences vécues par d'autres ici et ailleurs. Le gouvernement nous a écoutés, mais il n'a pas suivi notre recommandation.»

École et religion

Sur la question litigieuse de l'école confessionnelle, le Conseil et le gouvernement s'entendent sur le fond, à l'exception des modalités d'application qui diffèrent. Il existera dans trois ans un programme en préparation doté d'une approche nouvelle pour l'enseignement non confessionnel de la religion. Le gouvernement devait se prononcer avant le 30 juin dernier sur la reconduction ou non des dispositions dérogatoires à la Charte canadienne des droits et libertés en vertu desquelles la religion trouvait place dans l'école québécoise sous sa forme actuelle.

Il a plutôt choisi de prolonger celles-ci pour trois ans pendant qu'il préparait le terrain des prochaines orientations pédagogiques. Le président Proulx explique cette procédure : «Il a fait en sorte qu'il y ait dans la Loi sur l'instruction publique -- ce qui est important -- des dispositions stipulant que les privilèges et les droits confessionnels accordés par la loi vont venir à échéance en même temps que la clause dérogatoire. Aussi bien dire que dans trois ans, au moment même où les dispositions provisoires dérogatoires arriveront à échéance, les droits actuellement reconnus aux parents de choisir un enseignement religieux confessionnel catholique ou protestant vont tomber aussi.»

De la suite dans les idées... au secondaire

Jean-Pierre Proulx dresse un historique de la réforme de l'éducation à partir de l'une de ses prémisses, qui était la réussite scolaire, jusqu'aux états généraux de 1995-96 qui en furent le point de départ, et jusqu'aux principes retenus et aux gestes posés par la suite, qui ont donné lieu à sa réalisation toujours en cours. Il y a deux ans, le Conseil a posé le constat que cette réforme avait des fondements solides : «Nous recommandions au ministre de l'Éducation de l'époque, Sylvain Simard, d'aller de l'avant. On avait déjà décidé de la repousser d'une année au secondaire pour permettre une meilleure formation.» Plus tard, le ministre Pierre Reid décidera de reporter d'une autre année son implantation, soit jusqu'au début de la présente année scolaire.

Dans cet ordre d'idées, il fait valoir la position du Conseil : «Il y avait un enjeu de société, soit de mener à terme ce qu'on a commencé pour de bonnes raisons, quitte à redresser ce qui doit l'être en cours de route lorsqu'on se rend compte que des paramètres doivent être ajustés.» Il attire l'attention sur la situation suivante : «Cette réforme, si elle débute en 2005 au secondaire, connaîtra son terme en 2010. C'est en 1995 que furent posés ses fondements, et elle aura connu son achèvement

15 ans plus tard. L'enjeu, c'est de réussir ce qu'on entreprend et telle est la position du Conseil, qui n'est pas dogmatique. On se dit qu'on est sérieux dans une société ou on ne l'est pas.» Dans son avis, intitulé L'appropriation locale de la réforme au secondaire, le Conseil énumérait aussi un certain nombre de paramètres à respecter pour assurer la réussite de son application.

«Statu quo» au collégial

Le Conseil s'est placé dans une position d'observateur lors du Forum sur l'avenir du collégial qui s'est tenu en juin 2004 et au cours duquel l'éléphant ministériel a accouché d'une souris. Durant les dernières années, il a plutôt travaillé sur la réforme entreprise dans le secteur de la formation technique, comme le rapporte M. Proulx : «Au total, elle s'est bien implantée malgré les difficultés réelles, particulièrement parce qu'elle faisait place à l'initiative locale en matière de planification pédagogique. Au-delà des compétences à développer, qui sont fixées à l'échelle nationale à partir d'une procédure mettant en oeuvre les milieux de travail et ceux des cégeps, ces derniers sont eux-mêmes chargés d'établir les programmes servant à atteindre ces mêmes compétences. C'est une opération qui a bien fonctionné parce qu'elle faisait appel à la responsabilité des enseignants dans le champ technique.»

Le Conseil s'est en même temps questionné sur la place de la formation générale dans le secteur technique. On a trouvé des points d'accord avec la position gouvernementale de l'époque, et qui demeurent d'actualité : «On a constaté qu'il convenait d'élargir les disciplines contribuant à la formation générale, soit la philosophie, les langues maternelle et seconde ainsi que l'éducation physique. Ce modèle hérité de la conception humaniste de l'éducation n'est pas sans mérites, mais peut être remodelé.» Le Conseil a subi de sévères critiques à ce propos, mais il n'en a pas été scandalisé et maintient cette position à ce jour.

Il ajoute en outre que le Conseil a ouvert il y a quelques mois un chantier très important sur «l'engagement des étudiants des cégeps dans leurs études»; il donnera un avis sur cette question, vraisemblablement au printemps de 2006. Le tout prend actuellement la forme d'une vaste enquête de terrain auprès des étudiants et d'autres acteurs des collèges.

Le caractère mondial de l'université

Les universités québécoises sont confrontées au problème du financement, mais aussi à la réalité de l'internationalisation. Le Conseil a donc demandé à sa Commission de l'enseignement et de la recherche universitaires d'étudier les différents éléments que comprend cette problématique devenue omniprésente.

Après avoir mentionné que les universités du Moyen Âge jouissaient déjà d'un caractère international, Jean-Pierre Proulx résume le mandat : «Il y a toutes sortes d'enjeux culturels, politiques et économiques qui tournent autour de cela. Un des premiers qui tombe sous le sens et qui est de nature strictement universitaire, c'est l'enrichissement culturel de la formation et de la recherche. Un autre élément, qui est essentiellement conjoncturel, mais a un impact important aux États-Unis et même au Canada, c'est la sécurité nationale. On a remarqué que les mouvements de migration étudiante entre les pays ont été freinés par les événements du 11 septembre.» Enfin, il laisse savoir qu'un autre point important se dégage au Québec, et aussi en Europe, et c'est le fait français dans le contexte de l'internationalisation des universités. D'autres aspects seront aussi abordés.

Collaborateur du Devoir


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 1 avril 2006 10:07
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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