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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir de M. Ivo RENS (professeur à Faculté de droit de l'Université de Genève), Introduction au socialisme rationnel de Colins. Neuchâtel, Suisse: Éditions de la Baconnière, 1968, 548 pages. Collection Langages. Une édition numérique réalisée par le professeur Ivo Rens. [Autorisation formelle accordée le merdredi le 17 septembre 2003]. Présentation Ivo RENS INTRODUCTION AU SOCIALISME RATIONNEL DE COLINS Dans un propos général qui est d'étudier les sources doctrinales du socialisme belge, Ivo Rens place l'analyse de la pensée de Hippolyte Colins (1783-1859). Il a d'abord cherché des renseignements sur la vie mystérieuse et très mal connue d'un homme qui fut aussi bien un militaire de profession, un propriétaire d'esclaves à Cuba, un théologien par vocation, un médecin populaire et un fondateur du « socialisme rationnel ». À travers les ouvrages écrits par Colins, sa correspondance, ses polémiques ou ses discussions fraternelles avec d'autres socialistes, I. Rens étudie le sens de ce « socialisme rationnel » qui fit école en Belgique, en France, en Espagne et au Mexique, et qui marqua les débats de la Ire Internationale. Qui, de nos jours, se souvient encore de Colins ? Tout au plus quelques dizaines d'historiens du socialisme. Et qui sait encore ce qu'est le socialisme rationnel ? Sans doute guère plus que les douze derniers disciples de Colins. Bien qu'ayant consacré à ce philosophe oublié et à sa doctrine un ouvrage relativement important, le professeur Ivo Rens ne prétend nullement avoir épuisé le sujet, comme l'atteste le titre même qu'il lui a choisi. C'est que, à la vérité, rien n'est plus hasardeux que d'exposer aux lecteurs contemporains pressés la pensée d'un socialiste qui aurait fondé toute sa doctrine sur la démonstration de l'immatérialité des âmes, ou d'un théologien qui se dirait athée mais qui aurait transposé dans un registre rationaliste les principales thèses du christianisme dont notre civilisation moderne s'est progressivement tant éloignée. Or, tel fut précisément le cas de Colins. Est-ce à dire que la pensée de ce dernier ne présente aucun point de contact avec les préoccupations contemporaines ? Bien au contraire, puisqu'il est probablement le seul philosophe du siècle dernier à avoir prophétisé la naissance, expliqué le développement et annoncé le dépassement de ce phénomène déroutant par son universalisation qu'est la contestation. Dans un premier chapitre, l'auteur s'est efforcé de retracer la biographie mouvementée et mystérieuse de son personnage qui fut tour à tour militaire de carrière sous la Première République et le Premier Empire, agriculteur et médecin à Cuba de 1818 à 1830, conspirateur bonapartiste à Vienne, étudiant à Paris, et enfin prophète de la raison. Dans son second chapitre, il expose sous le titre suggestif de La tentation réformiste ce qui fut vers 1834-1835 la première formulation, encore très imparfaite, d'une pensée politique qui devait ensuite se radicaliser à l'extrême. Le troisième chapitre de son Introduction, M. Rens l'a consacré à la doctrine colinsienne de l'histoire dont nous avons déjà signalé qu'elle n'est pas sans soulever des problèmes qui préoccupent les hommes à la deuxième moitié du XXe siècle. Mais, c'est dans son quatrième chapitre seulement que, approfondissant la métaphysique de Colins fondée sur une interprétation originale du phénomène linguistique, l'auteur dévoile l'étonnante vision de la condition humaine qui fut celle de cet étrange rationaliste issu de l'École philosophique des idéologues. En possession de la méthode colinsienne, le lecteur n'éprouve plus guère de difficultés à en explorer les conséquences politiques qui font l'objet du cinquième chapitre, le plus important par le nombre de pages, où sont étudiés successivement les idées de Colins sur la souveraineté de la raison, les principes d'économie sociale et la transition au socialisme. Détenteur intransigeant d'une « vérité sociale » dont ses disciples comme lui-même se refusèrent obstinément à envisager l'application partielle ou expérimentale, Colins doit-il être considéré comme le plus utopiste des socialistes utopistes ? Telle n'est pas la façon dont M. Rens pose le problème. Dans sa conclusion, en effet il relève les curieuses convergences existant entre la philosophie colinsienne et certaines données scientifiques récentes. Et il laisse clairement entendre que c'est peut-être dans ce qu'elle avait de plus invraisemblable au siècle dernier, à savoir ses fondements métaphysiques, que la doctrine colinsienne présente le plus de profondeur et un intérêt toujours actuel. Né à Anvers en 1933, M. Ivo Rens a fréquenté une quinzaine d'écoles dans six pays et trois continents avant de s'inscrire à l'Université de Genève où il a obtenu les grades de licencié, puis de docteur en droit. Après avoir étudié aussi aux Universités de Madrid, d'Alger et de Paris, il entra en 1957 au service de l'Union interparlementaire, à Genève, pour y collaborer à une enquête internationale sur les différents types de parlements existant dans le monde, et dès 1960, il enseigna le droit parlementaire comparé à l'Université de Genève tout en préparant à l'Université libre de Bruxelles les examens qui devaient lui valoir, en 1962, le titre légal belge de docteur en droit. Secrétaire adjoint de l'Union interparlementaire à partir de 1959, M. Ivo Rens démissionna de cette organisation en 1963 afin d'occuper auprès de M. Paul-Henri Spaak, à Bruxelles, les fonctions de conseiller au cabinet du vicepremier ministre, puis celles de co-secrétaire de la Commission nationale pour la révision constitutionnelle, et ce jusqu'en 1965. Après avoir été ainsi mêlé à l'imbroglio linguistique et politique beige, M. Ivo Rens qui est l'auteur de plusieurs études juridiques, s'en retourna à Genève où, depuis lors, il enseigne à la Faculté de droit l'histoire des doctrines politiques, tout en conservant des liens avec l'Institut belge de science politique dans le cadre duquel il a mené les recherches dont le présent ouvrage constitue l'aboutissement.
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