Qui pense désastres pense victimes, ces personnes de tous âges - enfants, adolescents, adultes, aînés - dont la vie est péniblement perturbée et parfois déchirée par un événement dévastateur qui frappe, le plus souvent, de façon inattendue. Cependant, chaque désastre ou événement tragique fait aussi des victimes invisibles, des personnes dont les besoins émotionnels passent souvent inaperçus : les intervenants d'urgence qui se dévouent à assurer le bien-être des sinistrés. Les interventions d'urgence, perçues d'abord comme captivantes et palpitantes, sont parfois difficiles et troublantes pour les intervenants lors de sinistres majeurs où ils doivent rescaper des sinistrés, retirer des décombres des corps démembrés ou soigner des blessés et consoler des victimes.

Ce volume, rédigé par Mesdames Danielle Maltais, Suzie Robichaud et Anne Simard, chercheures en sciences sociales à l'Université du Québec à Chicoutimi, ne laisse aucun doute que les désastres ou événements critiques peuvent avoir des séquelles importantes sur la santé biopsychosociale des intervenants. Elles font état des écrits les plus importants et les plus récents sur les effets des sinistres sur la santé biopsychosociale des intervenants et elles compilent, reprennent et résument de façon claire, concise et complète les résultats d'analyse des écrits des auteurs les plus connus dans le domaine. Quelle source de références - au-delà de 200 titres répertoriés - et ouvrage éducatif pour les intervenants d'urgence et leurs proches ainsi que pour tous ceux et celles qui travaillent auprès des intervenants : les gestionnaires d'intervention d'urgence, les formateurs en matière de mesures de protection contre le stress, les conseillers [14] des programmes d'aide aux employés et des programmes d'indemnisation des accidentés du travail.

Trois parties par‑dessus tout attirent notre attention.

Dans la première partie, les auteures font le point sur les problèmes pratiques et méthodologiques que doivent surmonter les chercheurs qui étudient les effets des désastres sur la santé des intervenants tels la pénurie de recherches sur les intervenants, l'absence de base théorique, le manque d'études faisant appel à des groupes de contrôle et la surutilisation de rapports anecdotiques. Elles définissent le terme « intervenant », la multidisciplinarité des intervenants et la nature variée des événements traumatiques. Tous ceux et celles qui sont à l'affût de renseignements au sujet du debriefing pourront y retrouver quelques exemples ainsi que les résultats de recherches récentes sur l'efficacité de ce type d'intervention.

Dans la deuxième partie, les auteures examinent les répercussions de l'intervention en situation critique sur la santé biopsychosociale des intervenants. Elles offrent une excellente synthèse des nombreuses et différentes réactions ou symptômes physiques, cognitifs, émotionnels et comportementaux déclenchés par les intervenants d'urgence, non seulement lors d'interventions initiales mais à court et à long terme. En plus de dresser une liste des effets de stress provoqué par les sinistres, elles notent les facteurs organisationnels contraignants qui contribuent souvent davantage que le sinistre lui‑même à influer sur la santé au travail des intervenants. Elles apportent de nombreux exemples des effets de l'intervention sur la vie familiale des intervenants. Les chercheurs et les auteurs dont les écrits ont été recensés ne se limitent pas, comme il est souvent le cas, à une description des effets négatifs du stress. Ils relèvent aussi les effets positifs engendrés chez les intervenants à la suite de leur travail lors d'un désastre ou d'un événement critique.

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La troisième partie est consacrée aux différents facteurs et variables qui peuvent contribuer soit à augmenter, soit à diminuer les réactions de stress chez les intervenants. Cette section revêt une grande valeur pour toutes les personnes qui travaillent de près avec le personnel d'urgence et pour les intervenants eux‑mêmes. Pourquoi ? Parce qu'on y résume les facteurs et les variables identifiés dans les écrits qui peuvent jouer dans la manifestation et dans l'intensité des effets du travail en situation de désastre, entre autres les facteurs contextuels et organisationnels, et les variables sociodémographiques.

À la fin de chacune des parties principales, on retrouve une synthèse des données les plus probantes qui aideront, par exemple, au développement du contenu de séances de formation pour combattre le stress chez les intervenants d'urgence, à la formulation de lignes de conduite pour ceux‑ci et leurs gestionnaires lors de sinistres ou d'événements traumatiques importants, et à l'information des proches qui les côtoient. En outre, les auteures ont préparé au‑delà de 17 tableaux sur nombre de sujets, dont les éléments favorisant une meilleure intégration du désastre, les principales sources de support ainsi que les effets constatés chez les intervenants.

Mesdames Maltais, Robichaud et Simard ont su présenter des termes et des résultats scientifiques complexes de façon simple et abordable pour la majorité des lecteurs. Grâce à cet effort concerté, les intervenants et les travailleurs d'urgence pourront dorénavant disposer d'une ressource utile qui les aidera à mieux comprendre et gérer les réactions au stress et les effets sur leur santé biopsychosociale.

Raymond Lafond

Expert-conseil en services sociaux d'urgence
Centre de mesures et d'intervention d'urgence
Santé Canada