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François Rocher et Bob W. White
“L’interculturalisme québécois
dans le contexte du multiculturalisme canadien.”
Rapport présenté à la Commission de consultation sur les pratiques Un article publié dans la revue Étude IRPP, no 49, novembre 2014, 48 pp. Montréal : Institut de recherche en politiques publiques.
Résumé
Face à la diversité grandissante de leurs populations, les sociétés occidentales ont adopté différentes approches pour favoriser l'intégration des immigrants et de leurs descendants. Parfois, ces approches varient au sein d'un même pays comme c'est le cas du Canada. Le gouvernement fédéral y applique depuis 1971 une politique de multiculturalisme, alors que le Québec a plutôt opté pour l'interculturalisme qui, sans être une politique officielle, se reflète dans certains programmes et occupe une place importante dans les débats publics sur la gestion de la diversité ethnoculturelle.
Comme l'illustrent François Rocher et Bob White dans cette étude, il existe, sous l'angle des politiques publiques, plusieurs similitudes entre le multiculturalisme et l'interculturalisme. Les deux approches favorisent notamment la cohésion, la participation équitable et la lutte contre le racisme et la discrimination. En même temps, les deux modèles reflètent deux trajectoires historiques distinctes mais interreliées. Le multiculturalisme se déploie dans un Canada bilingue, est enchâssé dans la Charte canadienne des droits et libertés et a fait l'objet d'une législation. Au Québec, l'interculturalisme s'inscrit dans le cadre de la politique d'immigration et ne jouit d'aucun statut juridique. Or la notion d'interculturalisme et les politiques qui s'en réclament sont souvent mal comprises et sources de controverses.
Par ailleurs, l'expérience européenne, notamment le mouvement centré sur la notion de villes interculturelles, permet de constater que les villes constituent un terrain particulièrement fertile pour la mise en œuvre d'approches interculturelles. Les auteurs en concluent donc que les municipalités québécoises, surtout mais pas exclusivement dans la région montréalaise, devraient appliquer des politiques et des programmes interculturels afin, entre autres, d'encourager le rapprochement et de faciliter l'inclusion des citoyens de toutes origines.
Les auteurs recommandent également que le gouvernement du Québec explique, dans un Livre blanc, le sens à donner à la notion d'interculturalisme. Par la suite, il devrait se doter d'un énoncé de politique, voire d'une loi, qui précise ses objectifs en matière de diversité et d'interculturalisme, et les modalités de leur mise en œuvre. Ce cadre général devrait structurer l'interculturalisme dans une perspective allant au-delà de l'immigration et des enjeux propres au pluralisme religieux. De plus, la politique québécoise devrait reconnaître l'importance du rôle joué par les municipalités dans la dynamique du rapprochement interculturel, entre autres en soutenant la création d'un réseau de villes interculturelles et en favorisant une concertation accrue entre les différents paliers de gouvernement.
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SUMMARY
Faced with increasingly diverse populations, Western societies have adopted different approaches to foster the integration of immigrants and their descendants. Sometimes the approaches even vary within a country. This is true in Canada, where since 1971 the federal government has applied a multicultural policy, but Quebec has partially embraced interculturalism. Although interculturalism is not an officiai policy, it is reflected in certain programs and is prominent in the debate over ethnocultural diversity.
As François Rocher and Bob White show in this study, from a public policy perspective there are a number of similarities between multiculturalism and interculturalism. For instance, both approaches promote cohesion, équitable participation, and the fight against racism and discrimination. By the same token, although the two models' histories are interconnected, they are distinct. Multiculturalism has developed in a bilingual Canada, is entrenched in the Canadian Charter of Rights and Freedoms, and is laid out in a law. In Quebec, interculturalism falls within the province's immigration policy and has no légal status. Moreover, as the authors point out, interculturalism and the policies it inspires are frequently misunderstood and the source of controversy.
The authors look at the experience in Europe, where initiatives focused on intercultural cities have led to the observation that cities are particularly fertile ground for the intercultural ap-proach. They conclude from this that Québec municipalities, especially those in the Montreal région, should implement intercultural policies and programs with a view to, among other things, encouraging dialogue and fostering greater social cohesion.
They also recommend that the Quebec government explain interculturalism in a White Paper. It should then formulate a policy statement, or even a law, to clarify its objectives with respect to diversity and interculturalism and présent ways they can be applied. This general framework should broaden the current scope of interculturalism so it encompasses more than immigration and religious pluralism issues. In addition, Quebec's policy should recognize the importance of the role played by municipalities in building intercultural connections by, for instance, supporting the creation of a network of intercultural cities and encouraging greater coordination among governments.
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