Références
bibliographiques
avec le catalogue
En plein texte
avec GoogleRecherche avancée
Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF
Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Autour de la langue: crises et débats, espoirs et tremblements (1992) Introduction
Une édition électronique réalisée à partir du texte de Guy Rocher, Autour de la langue: crises et débats, espoirs et tremblements . Un article publié dans louvrage sous la direction de Gérard Daigle et Guy Rocher, Le Québec en jeu. Comprendre les grands défis. Chapitre 15 (pp. 423 à 450). Montréal: Les Presses de lUniversité de Montréal, 1992, 812 pp. [Autorisation formelle réitérée par M. Guy Rocher, le 15 mars 2004, de diffuser cet article et plusieurs autres publications].
Introduction
Au Québec, la période 1960-1990 a été marquée plus que toute autre par la question linguistique. Cela ne veut pas dire que la langue n'était pas auparavant une préoccupation dominante, loin de là. Depuis la conquête de la Nouvelle-France par l'Angleterre jusqu'au milieu du XXe siècle, la sauvegarde de la langue française, avec celle de la foi catholique, est demeurée une priorité dans la conscience nationale des Canadiens français. Elle s'exprima surtout par la bouche des élites locales: le clergé, les membres des professions libérales, les intellectuels, souvent sur un ton angoissé devant la menace de l'anglicisation, toujours par un appel à l'amour de la langue et au dévouement pour sa survie. On a récemment réédité l'ouvrage de Faucher de Saint-Maurice (1990), La question du jour: Resterons-nous Français?, d'abord paru en 1890, qui exprime bien ces sentiments faits à la fois d'angoisse et de fidélité. Mais jusqu'au milieu du XXe siècle, il n'y eut pas à proprement parler de conflit linguistique au Québec. Les Canadiens français acceptaient comme un fait irréversible la prédominance de l'anglais dans les économies canadienne et québécoise, I'unilinguisme des institutions publiques fédérales et le bilinguisme de celles du Québec, la cohabitation au Québec des réseaux francophone et anglophone dans l'enseignement, le système de santé et de bien-être, les moyens de communication. Même l'affichage unilingue anglais des commerces et des maisons d'affaires, qui régnait dans les villes et jusque dans les campagnes pourtant exclusivement francophones, était considéré comme un fait acquis.
La défense de la langue française ne s'accompagnait pas d'une contestation de cet état de fait. Elle consistait à lutter pour que le français survive, malgré son statut de langue minoritaire. Les principales requêtes aux autorités politiques étaient adressées au gouvernement fédéral, à qui les mouvements nationalistes Société Saint-Jean-Baptiste, Société du Bon parler français, Conseil de la vie française demandaient le bilinguisme sur la monnaie, les timbres-poste et dans les publications officielles. Le gouvernement du Québec n'eut pas lui-même d'autre politique linguistique que de maintenir le statu quo. La question linguistique n'apparaissait pratiquement pas dans les programmes des partis politiques, ni au fédéral ni au Québec, pas même dans le programme d'un parti qui se voulait nationaliste comme l'Union nationale. Ce qui montre bien que la sauvegarde du français ne prenait pas la forme d'un conflit linguistique, c'est que le gouvernement du Québec n'a pratiquement jamais légiféré en la matière avant les années soixante. Tout au plus peut-on mentionner deux lois. L'une de 1910, la loi Lavergne, qui obligea pour la première fois les entreprises de services publics, tels les transports en commun, I'électricité, le téléphone, d'abandonner l'unilinguisme anglais et de communiquer dans les deux langues avec le public, notamment dans la facturation, I'affichage, les contrats, les billets de voyageurs. Ce furent les francophones du Parti libéral qui opposèrent le plus de résistance à ce projet de loi, par crainte de choquer les anglophones du Québec. En 1937, le gouvernement de l'Union nationale fit voter une loi établissant la primauté du texte français dans l'interprétation des lois et règlements du Québec. Mais le premier ministre Duplessis crut nécessaire de faire abolir cette loi l'année suivante, sous la pression des milieux d'affaires anglophones (Bouthillier et Meynaud, 1972, p. 326-328 et 563; Levine, 1990, p. 34).
La Révolution tranquille allait marquer un important virage: la défense de la langue française adopta le ton d'une contestation de la situation établie et prit la forme du conflit linguistique. Il ne faut cependant pas croire, comme on l'a trop souvent fait, en une sorte de génération spontanée de la crise linguistique. En réalité, pour comprendre les événements des années soixante, il faut se reporter à la période d'incubation de la crise, au cours des années cinquante. Même si cette première période, ou cette pré-période, déborde le cadre de cet ouvrage, il faut brièvement rappeler quelques faits.
Dernière mise à jour de cette page le Mardi 20 avril 2004 20:04 Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
×
À tous les utilisateurs et les utilisatrices des Classiques des sciences sociales,
Depuis nos débuts, en 1993, c'est grâce aux dons des particuliers et à quelques subventions publiques que nous avons pu mener à bien notre mission qui est de donner accès gratuitement à des documents scientifiques en sciences humaines et sociales de langue française.
Nous sollicitons votre aide durant tout le mois de décembre 2020 pour nous aider à poursuivre notre mission de démocratisation de l'accès aux savoirs. Nous remettons des reçus officiels de dons aux fins d'impôt pour tous les dons canadiens de 50 $ et plus.
Aidez-nous à assurer la pérennité de cette bibliothèque en libre accès!
Merci de nous soutenir en faisant un don aujourd'hui.
Jean-Marie Tremblay, fondateur des Classiques des sciences sociales