Maurice Duplessis règne sur le Québec et tient d'une main apparemment ferme la barre de l'État et de la société. De nombreux Québécois trouvent leur profit immédiat dans cette stabilité de surface. Mais la période de l'après-guerre est d'abord un temps de ruptures. Les institutions sociales et scolaires sont débordées, les lois sont dépassées par les faits et les besoins des citoyens. Les demandes de changement se transforment en critiques de plus en plus pressantes. 

Les Québécois s'organisent. 

Les syndicats ouvriers renouvellent leur leadership, s'équipent mieux et mènent une lutte sur tous les plans. Le mouvement coopératif connaît un essor considérable et donne aux Québécois la fierté de contrôler des secteurs fondamentaux de leurs activités. 

Les industriels se regroupent. 

Les enseignants se syndicalisent. 

Le milieu scientifique tente de s'affirmer. 

Tous ces groupes font pression sur l'État. Ils ont du Québec une vision renouvelée due à une jeune génération de chercheurs actifs dans les écoles de sciences sociales et dans les groupes sociaux. La nouvelle connaissance du milieu a grandi et enrichi les débats traditionnels, elle en suscite de nouveaux et fait apparaître des situations collectives inacceptables. Dans ce contexte, des conflits et des oppositions irréductibles divisent la société. 

Cette marche des Québécois est racontée dans ce livre qui est un bilan de l'après-guerre, mais aussi une analyse des bases de la révolution tranquille.