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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Internationalisation de la sociologie ou résurgence des sociologies nationales ? (1980) Introduction
Une édition électronique réalisée à partir du texte de Mme Céline Saint-Pierre, sociologue, Internationalisation de la sociologie ou résurgence des sociologies nationales ? Un article publié dans la revue Sociologie et Sociétés, vol. 17, no 2, octobre 1980, pp. 7-20. Montréal: Les Presses de l'Université de Montréal. [Autorisation accordée par Mme Saint-Pierre le 14 juillet 2003].
Introduction
Varna 1970, Toronto 1974, Uppsala 1978 et bientôt Mexico 1982, villes de congrès internationaux de sociologie convoqués par l'Association internationale de sociologie. Au fil des années, ces congrès, dont le premier remonte à 1950 à Zurich, connaissent une affluence de plus en plus considérable de participants venus de tous les continents pour discuter «entre eux» de leurs travaux de recherche dans des domaines très diversifiés mais liés par un commun dénominateur, la discipline sociologique. Le caractère monstrueux de ces réunions collectives qui réunissaient, entre autre à Uppsala, près de 4 000 sociologues avait fait dire à plusieurs qui doutaient de leur efficacité, qu'il fallait abandonner cette idée et organiser en contrepartie des rencontres à l'échelle régionale (région étant ici entendue au sens des Nations unies); ainsi les échanges seraient moins chaotiques et les débats plus fructueux, parce que plus restreints, non seulement dans le nombre des participants, mais aussi dans le champ des problèmes couverts. À cette proposition soutenue davantage par plusieurs sociologues des pays d'Europe de l'Ouest et d'Amérique du Nord, s'étaient opposés notamment des sociologues de certains pays d'Europe de l'Est et de plusieurs pays africains. Pour ces pays notamment, ces rencontres constituaient et continuent de constituer un moyen de diffusion des travaux de recherches en cours tout en leur permettant de prendre le pouls des orientations développées dans la recherche et dans les débats théoriques qui alimentent la vie sociologique. L'inégalité des moyens de diffusion des con-naissances se reflète dans ces deux prises de position tout comme l'inégalité à l'accessibilité des connaissances produites à l'échelle internationale. Au fil des années et des expériences cumulées dans ces rencontres internationales et dans ces organismes internationaux, on peut se poser la question, tenter d'observer ce qui s'y passe et voir quels en sont les effets dans le champ sociologique lui-même et dans la dynamique même de la production sociologique. Il ne s'agit pas ici de faire une étude systématique des effets produits dans l'élaboration et la critique des outils conceptuels propres au discours sociologique, travail qui relève davantage de l'épistémologie des sciences humaines et dont je ne me reconnais pas la compétence, mais plutôt de suggérer quelques pistes de réflexion à partir de mon expérience de travail dans les organismes internationaux et des observations que je suis à même de dégager de la dynamique interne propre à la production sociologique dans certains pays. Notre hypothèse pourrait se formuler ainsi:
a) le développement de la sociologie est confronté à un double processus celui de l'internationalisation de la sociologie et celui de l'affirmation de sociologies nationales;
b) si pendant certaines périodes, le premier processus (l'internationalisation de la sociologie) peut favoriser le second (l'affirmation de sociologies nationales) il peut aussi à d'autres moments le handicaper, et vice versa. Nous sommes donc en présence d'un mouvement dialectique qui, au niveau de la connaissance, reproduit très souvent l'état des rapports politiques internationaux. De plus, si dans la problématique même de la sociologie du développement, on assiste à une rupture avec la conception linéaire du développement des sociétés, pourrait-on en dire autant de la conception et de l'approche qu'utilisent les sociologues eux-mêmes et les organisations qui les représentent dans la définition et la qualification de leur propre discipline?
Dernière mise à jour de cette page le samedi 3 février 200713:03
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
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