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ADOUCIR LES RÈGLES
Pour que les FALAISES cèdent la place aux OASIS
Avant-propos
Le Nouveau-Brunswick a connu des années sombres entre 1987 et 1997. Son système social a contribué à la stigmatisation et à l'oppression des personnes incapables de travailler. Elles en portent encore les cicatrices. Comme disent les hindous, un homme a détruit un pont et des milliers de personnes se sont noyées.
Le premier ministre de l'époque, Frank McKenna, était reconnu comme un homme suffisant, imbu de lui-même et manipulateur de l'opinion publique. Il avait peu de compassion pour ceux dont le mode de vie différait du sien, et il était loin de les porter dans son cœur.
Dur et insensible, il méprisait le désœuvrement, et par d'habiles manœuvres, il laissait croire que le nombre de pauvres au Nouveau-Brunswick s'en allait en diminuant. Au lieu de tendre la main à ceux qui souffraient d'une incapacité, il les serrait dans ses griffes et laissait planer qu'ils seraient punis s'ils ne faisaient pas un plus grand effort.
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Sous sa gouverne, il instaura un régime impitoyable. Il ne comprenait pas que certains individus sont incapables de travailler. Il partait du principe que tous sont aptes au travail, alors qu'en réalité beaucoup ne le sont pas, ou au mieux, seulement partiellement. En dépit de leur bonne mine, ils ont de la difficulté à comprendre, à apprendre et à s'organiser. Leurs faiblesses limitent fortement leur participation à l'emploi.
Le pire, c'est qu'en voulant leur faire du bien, McKenna leur a fait du mal. Il ne se présentait pas avec des griffes acérées, mais comme un monstre au poil soyeux qui portait les couleurs de la prudence et de la frugalité. Les gens n'étaient généralement pas conscients des dommages causés par ce discours chromé.
Pour obtenir de l'aide, les personnes inaptes à l'emploi devaient se soumettre à plus d'un millier de règles, dont la plupart étaient répressives et punitives. Certaines auraient rapidement été déclarées contraires à la Charte canadienne des droits et libertés si elles avaient été contestées devant les tribunaux, mais les personnes touchées n'avaient aucun moyen de le faire.
En un sens, les règles sont plus importantes que la loi, car elles déterminent comment celle-ci sera interprétée sur le terrain. Pour être à la hauteur, elles doivent promouvoir ce qui est bien, vrai et juste, comme nous le verrons.
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Tous les citoyens n'ont pas été bernés par le régime oppressif de McKenna. Heureusement, les militants sociaux ont agi en détracteurs et ont réussi, à force de pressions, à réparer un tant soit peu le tort causé.
Ces militants que nous appellerons « les défenseurs » pour les besoins de la cause viennent en aide aux laissés-pour-compte, notamment ceux qui sont inaptes à l'emploi. Ils les accompagnent, les défendent et osent clamer le « Oui, mais... » que beaucoup ne veulent pas entendre de peur d'être ébranlés dans leurs convictions.
Les défenseurs exhortent l'État un terme utilisé ici pour désigner les diverses formes de gouvernement à adopter des règles fondées sur la justice naturelle, la clémence et la bienveillance. Ces règles donneront aux personnes désœuvrées une once de répit et sensibiliseront le public à leur cause. Le retour de l'humanisme dans l'appareil public et dans la conscience collective est une bouffée d'air frais qui donne des ailes à l'espoir.
C. S. 1er mars 2022
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