DRÔLEMENT COCASSE.

Un travailleur social se raconte.

Préface

Le Comité des 12 me fait un grand honneur en m'invitant à signer cette préface.

En lisant ce livre, je me suis rappelée de nombreuses personnes que j'ai croisées sur mon chemin au cours des quarante dernières années et qui auraient pu, elles aussi, raconter leur récit personnel.

Les histoires de gens comme Brenda, Adèle, Robin et Ubald me sont familières. Je côtoie depuis longtemps des personnes comme elles qui, bien qu'étant des gens simples, sortent de l'ordinaire.

Dans mon parcours de vie, j'ai connu des membres du clergé militants comme monseigneur Harry Nutter et le père Yvon Sirois, des animateurs sociaux et défenseurs des droits comme Rodrigue Pelletier et Langis Sirois, des artistes comme Léonard Forest et Georges Langford, des sénatrices comme Muriel Ferguson, et d'autres grands noms, mais mes héros à moi, ce ne sont pas les grands personnages, mais les gens qui peinent chaque jour pour faire une vie.

Puisque je m'intéressais aux conditions de vie en milieu rural, à la protection du consommateur, à la défense des droits, au bien-être des jeunes et à l'aménagement du territoire en milieu rural, cela m'a amenée à œuvrer sur plusieurs scènes.

Mes démarches en tant que militante m'ont fait voyager de la Péninsule acadienne jusqu'au Sénat, des réunions de petits groupes jusqu'aux grandes assemblées. Chaque fois que l'occasion m'était donnée, je tentais d'éveiller les grands à la misère des petits.

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J'essayais toujours de sortir les gens de leur inconscience en leur présentant le vrai visage de la vie quotidienne, que ce soit par l'entremise de projets communautaires, de conférences nationales, de comités d'études, d'entrevues à la radio et à la télé, ou de participation à des réseaux d'action sociale.

En organisant dans les maisons des réunions de cuisine avec des groupes de citoyens, j'ai pu recueillir de précieux témoignages et les refiler ensuite en haut lieu.

Ce qui me frappe chez les personnes ordinaires, c'est leur courage et leur détermination à reprendre chaque jour la lutte en tentant de vaincre les difficultés qui les assaillent. J'en ai connu plusieurs qui avaient les mêmes traits que les personnages de ce livre. Je me considère moi-même une personne ordinaire, ayant connu ma part de difficultés.

S'il y a un message qui se dégage de ce livre, c'est bien que ces personnes ne cesseront jamais de nous étonner par la force de leur caractère. Ce trait, qui est leur grande richesse, fait justement d'elles des trésors cachés.

Ce livre, imprégné d'une grande simplicité, saura, je l'espère, élargir le champ de vision des esprits tranquilles en leur faisant réaliser qu'il y a une marge entre la vie humaine, telle qu'elle est vécue réellement au jour le jour, et les belles théories que notre société fabrique pour évaluer et caser les gens.

Dans le rapport de force opposant le monde idéal au monde réel, souhaitons que ce soit ce dernier qui ait le dernier mot.

Émilienne A. Basque