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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Denis SZABO, DÉVIANCE ET CRIMINALITÉ. (1979)
Avant-propos


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Denis SZABO, DÉVIANCE ET CRIMINALITÉ. Textes réunis par Denis Szabo. Paris: Librairie Armand Colin, 1970, 378 pp. Collection “U/U2”. Une édition numérique réalisée avec le concours de mon épouse, Diane Brunet, bénévole, guide de musée retraitée du Musée de la Pulperie de Chicoutimi. [Autorisation formelle accordée, le 25 mai 2005, par M. Szabo de diffuser tous ses travaux. Autorisation transmise par l'assistante de M. Szabo à l'Université de Montréal.]

[5]

Déviance et criminalité.

Avant-propos

La sociologie de la déviance — néologisme qui apporte quelques nuances à la terminologie plus classique de « sociologie criminelle » ou de criminologie — fut un chapitre majeur dans la sociologie de langue française du passé. Emile Durkheim et Gabriel Tarde, deux des plus grandes figures de cette discipline au XIXe siècle, ont apporté des contributions majeures tant à la théorie générale qu’à l’examen empirique de la criminalité, de la sanction et de la responsabilité pénales. Ils ont analysé les manifestations de la conduite antisociale. Cette tradition de la recherche a survécu outre-Atlantique où un quart environ des sociologues se spécialisent dans l’étude de la déviance et il n’y a pas d’enseignement sociologique qui n’y réserve une part substantielle.

Il n’en est pas de même en France où la préoccupation concernant la criminalité s'est glissée dans le domaine des facultés de droit où elle a survécu grâce à l’intérêt et à la sollicitude des maîtres de formation sociologique comme le regretté Henry Lévy-Bruhl. Nous sommes donc d'autant plus heureux de présenter ce choix de textes pour marquer la réinsertion des études sur la déviance dans le tableau général des sciences sociales, là même où Durkheim l’avait placée, comme en témoigne la nomenclature, aujourd’hui encore respectée, de L’Année sociologique.

Sociologie de la vie morale, de la déviance, de la criminalité et du fonctionnement de l’administration de la justice : voici le fil conducteur théorique et pratique dans le champ abordé par le lecteur. Ce qui est jugé bon ou mauvais, nuisible ou dangereux, par la société et ses organes chargés [6] de la protection sociale, constitue l’objet de nos études. Les distinctions entre la morale, les mœurs, le droit, à l’échelle d’une société politique au sein des multiples groupes, couches, cultures et sous-cultures qui la constituent, représentent un sujet d’intérêt majeur pour nous. Ceux qui appliquent les sanctions : parents, groupes de pairs, voisins, police ou tribunaux nous intéressent à un titre identique.

Les éléments théoriques et quelques contributions empiriques ont été privilégiés dans ce recueil. Leur application dans les divers mécanismes de contrôle social, de resocialisation ou de protection sociale pourrait faire l’objet d’un deuxième volume. Le champ est vaste. En effet, à côté de la machinerie de la justice, il y a l'école, les services de protection des jeunes, les colonies de vacances et de loisirs, les grands ensembles immobiliers, etc. qui constituent un domaine d’exploration et d’expérimentation du sociologue qui se mue, cette fois-ci, en « ingénieur social », c’est-à-dire tente d’appliquer ses connaissances à résoudre des problèmes sociaux.

Ce volume constitue, par conséquent, une première initiation pour tous ceux qui abordent l’étude de la sociologie en général. Ce serait une grave erreur, du moins dans la perspective adoptée dans ce volume, que de le considérer comme une spécialisation dans le domaine particulier qui a trait à la justice criminelle. Nous nous proposons au contraire de restituer à l’analyse de la déviance, la perspective de ses fondateurs français qui la considéraient comme un chapitre majeur de la sociologie générale recouvrant largement le champ de celle de la vie morale. Il ne semble pas exagéré de penser qu’à l’aube d’une décennie qui connaîtra un intérêt nouveau — et forcé — pour les problèmes de la morale, l’intérêt pour des recherches sociologiques mérite d’être renouvelé.

L’enseignement de la sociologie, orienté vers l’étude des problèmes sociaux, doit pénétrer dans les milieux de la pédagogie, de l’assistance sociale, de l’administration de la justice (police, tribunaux, services chargés de l’application des peines) et d’administration publique. Les textes présentés dans ce volume les inviteront, très probablement, [7]

à d’utiles réflexions en fonction des problèmes qu’ils ont à résoudre. Dans la mesure où l’apport de ces textes déçoit l’attente, ce n’est qu’une preuve supplémentaire de la grande pauvreté de ces recherches, en particulier dans les pays de langue française.

Le choix de ces textes a été l’œuvre commune du soussigné et de ses collègues et collaborateurs au département de Criminologie de l’Université de Montréal, en particulier d’André Normandeau, de Denis Gagné, de Marc Leblanc et de Maurice Cusson. La mise au point finale de l'ouvrage a été assurée par François Paul-Boncour.

Il va de soi, cependant, que seule la responsabilité morale du signataire est engagée par la présentation finale du volume.

Denis SZABO

[8]



Retour au texte de l'auteur: Denis Szabo, criminologue, Université de Montréal Dernière mise à jour de cette page le mercredi 13 novembre 2019 6:02
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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