RECHERCHE SUR LE SITE

Références
bibliographiques
avec le catalogue


En plein texte
avec Google

Recherche avancée
 

Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF

Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
 

Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Joël S. Fils TIRONÉ, L’agressivité chez les jeunes dans les camps d’hébergement. (2011)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Joël S. Fils TIRONÉ, L’agressivité chez les jeunes dans les camps d’hébergement. Mémoire pour l’obtention du grade de Licencié en Psychologie sous la direction du professeur Jorès Philippe Faculté d’Ethnologie, Université d’État d’Haïti, novembre 2011, 72 pp. [Autorisation formelle accordée par Ricarson Dorce le 8 avril 2014 de diffuser ce mémoire dans Les Classiques des sciences sociales, dans la collection: “Études haïtiennes”.] Un partenariat avec l'Association science et bien commun et l'Université d'État d'Haïti.

Introduction

La situation des jeunes à travers le monde est très inquiétante. Dans les pays sous-développés, leur sort est beaucoup plus grave. Ils sont en proie à de grands problèmes économiques et sociaux.

En effet, plusieurs facteurs expliquent l’évolution des inégalités dans les pays sous développés. On peut distinguer des facteurs historiques et des facteurs liés au contexte politique, social, et économique.

Sur le plan historique, le sous-développement et l’inégalité sont dus aux longs périodes colonialistes et impérialistes. La majeure partie des pays riches étaient des pays colonisateurs et les pays pauvres des colonies.

Par ailleurs, la dégradation des conditions de vie des jeunes est la résultante de l’accroissement de la richesse et du pouvoir de minorités privilégiées des pays riches, des multinationales et les classes dominantes des pays pauvres. Cette disparité amène les jeunes des pays sous développés à vivre dans le chômage, la misère et l’ignorance. Ils sont délaissés et abandonnés par la classe dominante.

Cette situation va donner naissance à deux catégories de jeunes : les résignés et les frustrés. Les résignés se tournent très souvent vers la religion pour oublier leurs frustrations et les tracas de la vie quotidienne. Ils attribuent une cause surnaturelle à leurs problèmes matériels. Le divin devient le seul espoir de cette catégorie. Un autre groupe de jeunes est incapable de se plier aux exigences de la société. On les appelle souvent des délinquants, des déviants. Ils sont donc obligés de réagir face à leur condition d’existence fragile et précaire. Pour répondre aux besoins et aux pressions de la vie quotidienne, les jeunes garçons deviennent souvent des petits voleurs et les jeunes filles des prostitués. D’où le concept de déviance dans l’idéologie dominante. Celle-ci réclame et exige toujours un mode de conduite sans créer les conditions favorables pour qu’il y ait des réponses proportionnelles. Pourtant, ils disent toujours : « La jeunesse est l’avenir de la société ».

En 2002 lors de l’assemblée extraordinaire de l’ONU, le Secrétaire Général Kofi Annan s’exprimait en ces termes : « Pour l’instant, ce sont les adultes qui ont pris toutes les décisions, mais l’heure est maintenant venue de construire le monde avec les jeunes ». [1] Il montre dans ses dires qu’il est conscient que les jeunes sont mis à l’écart dans les décisions politiques et économiques. C’est en ce sens qu’on a donné l’opportunité aux jeunes d’exposer leurs griefs devant l’Assemblée générale. Ils ont revendiqué et exigé un monde sans exclusion, sans pauvreté, sans guerre et sans violence.

Depuis 2006 le Gouvernement canadien prône un programme intitulé : « Gouvernement de jeunesse ». Haïti en fait partie. Cette année, cent trente neuf jeunes participaient aux séances de travail sur la problématique de l’environnement. Ces activités sont réalisées sur la base d’exclusion. Les jeunes ouvriers, paysans et des ghettos ne sont pas représentés. En Haïti, cette même année a été marquée par la transformation de la Secrétairerie d’État à la Jeunesse, aux Sports et Service Civique en Ministère de la Jeunesse aux Sports et à l’Action Civique. Malheureusement, ce sont des simulacres qui n’ont rien à voir à une intégration réelle de la jeunesse dans la vie économique et politique du pays. La jeunesse reste encore à l’écart et continue à vivre dans la discrimination, le chômage, le manque d’information sur leurs droits. Tous ces changements ne prennent pas compte de la situation des jeunes les plus vulnérables, à savoir la jeunesse des Ghettos et celle du milieu rural.

Dun autre côté, notons que la population haïtienne est estimée à 8 373 750 habitants (IHSI, 2003). Près de deux tiers de la population urbaine réside dans le département de l’Ouest. Plus de la moitié de la population a moins de 21 ans. Les personnes âgées de moins de 15 ans représentent 36.5% de la population, celles de 15 à 64 ans 58.4%, les personnes âgées de plus de 64 ans représentent 5.1%.

Pour comprendre la jeunesse haïtienne il faut faire une lecture plurielle du phénomène. Ainsi, il y a une jeunesse urbaine privilégiée qui a un niveau d’instruction intéressant ; une jeunesse urbaine marginalisée qui habite dans les ghettos et qui est privée d’éducation, de nourriture et de loisirs ; une jeunesse rurale qui travaille la terre et qui n’a pas accès à l’éducation. Il faut faire remarquer aujourd’hui, un bon nombre d’entre eux fréquentent les établissements scolaires par rapport à des efforts déployés depuis plusieurs décennies au niveau de la scolarisation universelle.

Le 12 janvier 2010 a empiré la situation des jeunes. Un violent séisme de magnitude 7.3 sur l’échelle de Richter a frappé le pays. On compte trois cent mille morts, un million cinq cent mille de sans-abris et les dégâts matériels sont énormes. [2] On a vu la destruction des écoles, des églises et même des bâtiments publics comme le Palais National. Cette catastrophe a montré une fois de plus la faillite de l’État haïtien et la classe possédante qui n’assument pas leurs responsabilités quant à la gestion de l’environnement écologique et social du pays.

Au lendemain du séisme, des pays étrangers et des organisations sont venus apporter leur secours en lieu et place de l’État qui était incapable de venir en aide à la population. Ainsi, on a vu instantanément l’établissement des camps d’hébergement dans les écoles, dans les centres sportifs, et même dans les places publiques. La population est aux abois.

Un an plus tard, on n’a pas vu de grands efforts pour sortir les gens des camps d’hébergement. La majorité des sans abris continue à vivre dans une situation d’extrême précarité. Ils sont mal nourris, mal logés, privés d’eaux potables, accroupis sous un soleil de plomb. Les jeunes représentent la plus grande population des sinistrés. Ils vivent dans des conditions infrahumaines. Les quartiers défavorisés deviennent des champs de ruine. Les fatras, les eaux usées s’entassent en même temps des ONGs accumulent les fonds destinés à aider la population sinistrée. La catastrophe devient une source de profits. Selon les propos des rédacteurs du journal « Les travailleurs » : les bourgeois petits et moyens, possesseurs d’hôtels, de maison, de location de voiture se saisissent de l’aubaine constituée par l’afflux des ONGs et des Conseillers en tout genre pour louer à prix d’or. La pénurie de logements est une calamité pour qui en est victime, mais une source de confortables bénéfices pour quelques-uns. [3]

En conséquence, certains jeunes se livrent à la violence sexuelle et physique dans les camps. La frustration et l’agressivité ne deviennent-elles pas des réponses normales à leurs situations anormales ? Ainsi, ce mémoire s’intéresse à ce questionnement fondamental et cherche à déterminer les facteurs pouvant influencer la direction et le niveau de l’agressivité chez les jeunes vivant dans le camp d’hébergement de Delmas 2.

Ce mémoire comporte trois parties. La première aborde le cadre théorique et conceptuel de la recherche. La deuxième partie présente le cadre méthodologique, c'est-à-dire l’ensemble des cheminements qui nous ont conduit à la cueillette des données, notamment la population à l’étude, le recrutement et l’échantillonnage, la méthode et la technique de recherche utilisée et le traitement des données. La troisième partie examine, critique et interprète les données, établissant une sorte d’inventaire des données recueillies sur le terrain et cherchant leur signification dans le cadre de la question et l’hypothèse de recherche à l’aide des outils statistiques.

La conclusion présente la prospective de la recherche. Elle envisage des perspectives d’avenir sur l’évolution du phénomène à l’étude.



[1] www.unicef.org/haiti/french: la problématique des jeunes, consulté le 13 juin 2011.

[2] www.wikipedia.org, séisme du 12 janvier en Haïti, consulté le 10 Mai 2011.

[3] La Voix des Travailleurs, Juillet 2011, no 191, page 2, Port-au-Prince.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 30 avril 2014 16:24
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
Membre Crossref