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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir de l'article de M. Marc-Adélard Tremblay, L'anthropologie de la santé: une réponse aux innovations dans le système médical québécois. Un article publié dans la revue Santé Culture / Health. Bulletin d'information en anthropologie médicale et en psychiatrie transculturelle vol. 1, no 2, 1983, pp. 14-21. Montréal: GIRAME, département d'anthropologie. [M Marc-Adélard Tremblay, anthropologue, retraité de lenseignement de lUniversité Laval, nous a accordé le 4 janvier 2004 son autorisation de diffuser électroniquement toutes ses oeuvres.] Introduction L'anthropologie médicale telle que décrite par Gilles Bibeau a la page 3 du présent numéro commence à peine à s'organiser au Québec, grâce notamment aux activités des membres du GIRAME. Son développement, qui sera succinctement retracé ici, a découlé d'une double préoccupation des spécialis-tes en sciences humaines : leur intérêt marqué pour la production culturelle de la maladie et leur prise de conscience des déficiences du système québécois de la dispensation des soins. Nous sommes au début des années cinquante. Les établissements de santé, principalement les hôpitaux, sont dans une large mesure, sous le contrôle des communautés religieuses féminines qui en sont les propriétaires et qui en assument naturellement les principales fonctions de direction. C'est aux médecins seuls, la plupart du temps généralistes, que revient la responsabilité de dispenser les services et soins de santé. Ils sont les principaux intervenants auprès des malades. Le système médical est entièrement régi par la profession médicale. Dans un Québec qui s'industrialise et s'urbanise rapidement, un nombre de plus en plus grand d'individus sont victimes d'accidents du travail au exercent leur métier dans des conditions hygiéniques et sanitaires déplora-bles. Un nombre croissant d'individus issus de certaines couches sociales, mais pas nécessairement les plus défavorisées, ont recours au système médical pour des périodes de soins prolongés. Dans ce contexte, la maladie est de plus en plus perçue comme un risque d'importance contre lequel on se sent val protégé et qui entraîne des conséquences souvent désastreuses tant pour l'individu que pour la famille et la société toute entière. C'est aussi l'époque oit des réformes importantes sont amorcées dans les systèmes de santé des pays industrialisés tels l'Angleterre et les États-Unis. Le Québec n'échappe pas à la prise de conscience des réformateurs sociaux qui préconisent l'atténuation du risque de la maladie et la transformation du système de santé: leurs buts sont de tenir compte de l'évolution des connaissances et de la technologie médicales, de faire évoluer le système désuet d'organisation des établissements de santé en fonction d'une rationalité et d'une efficacité plus grandes, et de sensibiliser les responsables de la santé publique aux nouveaux besoins de santé des populations urbaines et des travailleurs industriels. Au Québec cependant, cette prise de conscience n'entraînera que très peu de recherches systématiques sur ces problèmes, faute d'un développement suffisant des sciences sociales qui, jusque vers 1960, effraient les autorités religieuses et les politiciens au pouvoir. Le fait que le Québec ne comptait, en 1958, que deux anthropologues de langue française illustre bien cette situation.
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