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L’ambivalence dialectique
Préface
Lorsque j'entrepris mes études en philosophie, il y a de cela cinq ans, une question m'obsédait à laquelle j'espérais obtenir réponse : qu'est-ce que la dialectique ? Bien évidemment je n'obtins jamais de réponse définitive à cette interrogation ; mais tout au long de ces années elle fut au centre de mes préoccupations. C'était donc pour moi une façon de conclure mon apprentissage académique que de chercher à apporter ma propre réponse à celle-ci. Je reste cependant insatisfait du résultat. Si mon texte est ambitieux, à mes yeux il ne l'est pas encore assez. Par exemple il eut fallu parler des stoïciens, de Plotin, de Spinoza, de Rousseau. Il eut fallu élaborer amplement sur le néo-marxisme et la logique dialectique. Et finalement chaque étude particulière pourrait être reprise et largement développée.
J'ai eu l'occasion de mesurer la difficulté du style historique et la complexité de l'analyse conceptuelle. Mais malgré ces limites je crois que, pour l'essentiel, mon étude a atteint son objectif. Il s'agissait d'abord de produire une lecture originale de l'histoire du [iii] concept de dialectique en travaillant les textes sans intermédiaires. Il s'agissait ensuite de faire une intervention dans le champ philosophique, susceptible de bousculer les lieux communs et d'interrompre le sommeil dogmatique d'une bonne partie des théoriciens de la dialectique. Il s'agissait enfin d'opérer une espèce de défense et illustration de la pensée dialectique.
Si, ce faisant, j'ai pris quelques libertés avec la tradition, et me suis permis d'avancer quelques propositions nouvelles, c'est que je crois que la tâche du philosophe ne se borne pas â commenter les textes, mais à les faire travailler ; et plus encore à développer sa propre position. Aussi demanderais-je au lecteur d'être attentif au mouvement de la pensée qui se fait. Je me refusai à expurger mon texte de ses hésitations et à ne présenter que les résultats finaux, parce que je pense qu'ici plus qu'ailleurs, la démarche doit primer sur les résultats.
En terminant j'aimerais remercier madame Josiane Ayoub pour son encadrement rigoureux et respectueux de la liberté de la pensée ; et par-dessus tout pour m'avoir transmis sa passion de la pratique philosophique. Je voudrais remercier aussi monsieur Serge Robert pour [iv] m'avoir initié à l'épistémologie et à la logique formelle, et monsieur Yvon Gauthier pour avoir accepté de discuter ses textes et m'avoir fourni quelques inédits qui me furent d'un grand secours. Je voudrais remercier aussi mes collègues et complices Richard Gariépy et Michel Robert pour les mille et une discussions que nous avons eus ensemble depuis maintenant trois ans d'une constante collaboration. Il va cependant de soi qu'aucune de ces personnes n'est responsable des positions que j'assume dans ce texte.
Je voudrais enfin dédier ce travail â mon fils, Jonathan, pour sa tolérance envers un père indisponible lorsqu'il plonge le nez dans ses papiers. À neuf ans il n'est guère facile d'avoir un intellectuel comme père.
À tous ces gens, et à tous les autres que je n'ai pas nommés, j'aimerais exprimer ici ma profonde reconnaissance.
Montréal, le 27 novembre 1983.
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