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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Jean-Guy Vaillancourt, “Marxisme et écologie : plus bénédictin que franciscain.” In ouvrage sous la direction de André CORTEN, Modj-ta-ba SA-DRIA et Marie-Blanche TAHON, LES AUTRES MARXISMES RÉELS, pp. 214-232. Paris : Christian Bourgeois, Éditeur, 1985, 257 pp. Collection “Cible”, dirigée par Y. Moulier. M. André Corten nous a accordé le 22 mars 2016, l’autorisation de diffuser en accès libre à tous ses publications dans Les Classiques des sciences sociales. [Le 10 mai 2005, M. Jean-Guy Vaillancourt nous a autorisé la diffusion de toutes ses publications dans Les Classiques des sciences sociales.]

[214]

LES AUTRES MARXISMES RÉELS

4r partie : Pièges du marxisme étendu

MARXISME ET ÉCOLOGIE :
PLUS BÉNÉDICTIN
QUE FRANCISCAIN
.”

Jean-Guy VAILLANCOURT

Plusieurs auteurs intéressés à l’écologie et au marxisme ont tenté d’établir des relations de ressemblance ou d’opposition entre ces deux grands courants de pensée nés en Europe vers le milieu du siècle dernier. Une telle tâche, il va sans dire, n’est pas du tout facile. Il n’est donc pas surprenant que certains d’entre eux, situés tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du marxisme, aient affirmé que celui-ci se situe aux antipodes de l’écologie [1], ou encore que l’écologie constitue une espèce de succédané du marxisme [2], alors que d’autres ont présenté celle-ci comme étant en affinité étroite avec lui [3], au point même de la concevoir comme étant contenue en germe dans les écrits de Marx et d’Engels [4].

[215]

Plusieurs ambiguïtés à cet égard semblent découler de l’ambivalence du marxisme à l’égard de la domination de l’homme sur la nature, mais le plus grand problème vient, à mon avis, du fait que nous avons beaucoup de difficulté à définir ce que nous entendons par marxisme, et ce que nous entendons par écologie. Il y a en effet bien des façons d’être marxiste, tout comme il y a plusieurs manières d’être écologue ou écologiste. Dans cet essai, il sera question de la science écologique à ses débuts, ainsi que des écologistes actuels. Il suffira pour camper ces derniers de rappeler ici la distinction entre quatre types principaux d’écologistes qui sont apparus successivement comme les fers de lance du mouvement écologiste depuis un siècle : 1) les préservationnistes à tendance récréationnelle-esthétique, qui sont parfois des pseudo-écologistes, voire même des antiécologistes, 2) les conservationnistes, 3) les environnementalistes, 4) les écologistes politiques [5].

Tout comme ce fut le cas pour l’écologisme, l’écologie et le marxisme ont changé considérablement depuis plus d’un siècle, et chacune de ces approches a vu éclore en son sein de multiples tendances et orientations, parfois assez opposées les unes aux autres. Il ne saurait alors être question de comparer ici tous les types de marxisme et toutes les sortes d’écologie. Je me limiterai donc pour ceux-ci à la période des origines, pour essayer de voir si l’on peut trouver dans les écrits de Marx (1818-1883) et d’Engels (1820-1895) des préoccupations que l’on pourrait qualifier d’écologiques ou d’anti-écologiques. Ces deux principaux fondateurs du marxisme ont laissé dans leurs écrits, y compris dans leur correspondance, de multiples références à la relation homme-nature, à la pollution urbaine et industrielle, à l’épuisement des ressources, et aux idées des [216] précurseurs et même des fondateurs de l’écologie. Il me semble donc qu’avant de dire que le marxisme en général est en affinité ou en opposition avec l’écologie ou avec l’écologisme, il est important de voir comment Marx et Engels ont réagi vis-à-vis des problèmes et de la science écologiques de leur temps, et cela en partant des écrits originaux de ces deux penseurs. On a dit tellement de choses sur Marx et Engels qu’il me paraît opportun de les laisser parler eux-mêmes *. Je pense que c’est parce qu’ils ont pris comme point de départ la pensée de Marx lui-même et parce qu’ils ont établi des distinctions entre diverses approches à l’égard de l’écologie et de l’environnement que des auteurs comme Syer et comme Clow sont arrivés à des positions balancées sur le rapport entre marxisme et écologie [6].

Dans les pages qui suivent, nous examinerons chronologiquement quelques écrits de Marx et d’Engels pour y relever les principales références pro- et anti-écologiques [7]. Puis, en conclusion, nous tenterons de répondre à la question : Marx et Engels sont-ils des précurseurs de l’écologie et de l’écologisme ? Etaient-ils, en somme, sensibles aux préoccupations écologiques et écologistes qui se sont fait jour depuis un siècle ?

I.- Les premiers écrits de Marx et d’Engels

De la thèse de doctorat de Marx, présentée à l’université d’Iéna en 1841, sur la philosophie de la nature chez Démocrite et Epicure [8] jusqu’à l’ouvrage posthume inachevé d’Engels sur [217] la Dialectique de la Nature, l’œuvre des deux fondateurs du marxisme contient non seulement de nombreuses références à plusieurs des précurseurs et fondateurs des diverses branches de l’écologie mais aussi des idées qui restent encore aujourd’hui très importantes pour les écologistes. Démocrite et Epicure sont deux philosophes grecs de la nature qui vécurent plus d’un siècle après Parménide et Héraclite, et qui peuvent être considérés au même titre que ces derniers et comme Hippocrate, Aristote et Théophraste, comme des précurseurs des sciences de la nature et même de l’écologie scientifique. Ces deux philosophes enseignaient que tout ce qui existe est fait d’espace vide et d’une infinité d’atomes en mouvement perpétuel combinés de façon différente. C’est Epicure qui disait que rien ne se crée, rien ne se détruit. Les quatre lois fondamentales de l’écologie, d’après Commo- ner [9], à savoir que tout est relié à tout, que tout doit aller quelque part, que la nature a toujours raison, et que rien n’est gratuit, doivent beaucoup à ces deux philosophes grecs qui les premiers ont jeté les bases d’une étude sérieuse de la nature.

Dans les Manuscrits économiques et philosophiques de 1844, le jeune Marx exprime pour la première fois de façon assez élaborée ses idées sur ce que le communisme entend faire de la relation entre l’homme et la nature. L’accent y est mis sur le matérialisme et sur le naturalisme, et sur l’équivalence de ceux-ci avec l’humanisme [10]. On trouve aussi dans cet ouvrage une condamnation très forte des effets néfastes du capitalisme sur la qualité de vie des travailleurs urbains [11].

Dans son « Esquisse pour une critique de l’économie politique » publiée dans les Annales franco-allemandes en cette même année 1844, Engels attaque de façon virulente l’appropriation privée du sol par les capitalistes [12]. Dès le début de [218] sa carrière intellectuelle, Engels touche aussi aux questions environnementales. Dans ce même texte de 1844, il exprime ces opinions optimistes sur les forces productives et la science : « les forces productives qui sont à la disposition de l’humanité n’ont pas de limites. Le rendement de la terre peut progresser indéfiniment par l’application de capital, de travail et de science [13]... ». Le malthusianisme y est présenté comme « cette infâme et vile doctrine, ce blasphème abominable contre l’homme et la nature [14]... ». Par ailleurs, Engels n’élimine pas complètement la possibilité que Malthus ait raison, mais il croit que, même dans ce cas, le communisme serait encore nécessaire [15]. Enfin, Engels, après avoir rendu hommage à Davey et à Liebig, réaffirme son optimisme vis-à-vis de la science : « Quel progrès l’agriculture de ce siècle ne doit-elle pas à la seule chimie, voire uniquement à deux hommes - Sir Humphrey Davey et Justus Liebig ?... Or qu’est-ce qui est impossible à la science ? [16] »

Dès l’année suivante, Engels publie un ouvrage important qui le place d’emblée parmi les précurseurs de l’écologie humaine. Ce livre sur la situation des classes laborieuses en Angleterre [17] est une « description de la condition prolétarienne qui s’apparente par bien des traits aux grandes enquêtes de l’époque, par exemple celle de Villermé en France [18] ».

Cette enquête d’Engels se situe dans la tradition des « social surveys » britanniques et des monographies françaises qui ont constitué, avant la lettre, les premières études d’écologie urbaine. Il y est largement question des effets néfastes du capitalisme sur la santé des ouvriers. Engels y insiste entre autres choses sur le fait qu’à Londres et à Manchester, l’atmosphère contient bien plus de gaz carbonique et bien [219] moins d’oxygène qu’à la campagne. Ce livre contient des descriptions intéressantes de la crise écologique vécue par les travailleurs agricoles, miniers et industriels dans leur milieu de travail et de vie [19]. Dans la conclusion de l’ouvrage, Engels fait de nouveau une critique acerbe des théories de Malthus qui ont légitimé la dureté de la classe dominante anglaise à l’égard des pauvres. C’est là un thème sur lequel Engels et Marx reviendront souvent par la suite dans leurs autres ouvrages. En fait, dans leurs nombreuses critiques à Malthus, ils anticipent plusieurs des objections soulevées par la suite par des radicaux (écologistes ou non) contre Malthus et ses disciples.

Dans les deux textes suivants, le premier tiré de son pamphlet sur la question juive, l’autre des Grundisse de 1857-1858, Marx manifeste bien son ambiguïté fondamentale à l’égard de la question épineuse de la domination de l’homme sur la nature. D’une part, il montre comment le capitalisme méprise la nature : « La façon de percevoir la nature sous la loi de la propriété privée est un véritable mépris et une dégradation pratique de la nature [20]. »

Par ailleurs, quand il explique ce que sera le communisme de l’avenir, il reste à l’intérieur d’une perspective de domination de la nature. Pour lui, le communisme, « ce sera la domination pleinement développée de l’homme sur les forces naturelles, sur la nature proprement dite aussi bien que sur sa nature à lui [21] ». Plus loin, dans le chapitre sur le Capital, Marx contredit ce que « ce singe de Malthus » a dit du rapport entre population humaine et aliments [22].

Dans la correspondance Marx-Engels, surtout à partir de 1859 ainsi que dans Anti-Dühring et Dialectique de la Nature [220] d’Engels, il sera beaucoup question de Malthus, de Darwin ainsi que d’Haeckel et des autres disciples de Darwin. Il est impossible de relever ici tous les passages pertinents, mentionnons-en pourtant quelques-uns. Dans une lettre à Marx le 12 décembre 1859, Engels écrit : « ...ce Darwin que je suis en train de lire, est tout à fait sensationnel... on n’avait jamais fait une tentative d’une telle envergure pour démontrer qu’il y a un développement historique dans la nature, du moins jamais avec un tel bonheur [23] ».

Un an plus tard, le 19 décembre 1860, c’est Marx qui écrit à Engels au sujet du livre de Darwin sur la sélection naturelle : « Malgré le manque de finesse bien anglais du développement, c’est dans ce livre que se trouve le fondement historico-naturel de notre conception [24]. » Et moins d’un mois plus tard, dans une lettre à Lassalle, le 16 janvier 1861, Marx reprend certaines idées d’Engels [25] Un an et demi plus tard, il parle de nouveau de Darwin à Engels, en faisant cette fois une référence à Malthus :

« Ce qui m’amuse chez Darwin, que j’ai revu, c’est qu’il déclare appliquer la théorie de “Malthus” aux plantes et aux animaux, comme si l’astuce chez Monsieur Malthus ne consistait pas précisément en ceci que la théorie n’y est pas appliquée aux plantes et aux animaux, mais uniquement à l’homme — avec la progression géométrique — par opposition aux plantes et aux animaux. Il est remarquable de voir comment Darwin reconnaît chez les animaux et les plantes sa propre société anglaise, avec sa division du travail, sa concurrence, ses ouvertures de nouveaux marchés, ses “inventions” et sa malthusienne “lutte pour la vie”. C’est le bellum omnium contra omnes (la guerre de tous contre tous) de Hobbes, et cela rappelle Hegel dans la Phénoménologie où la société civile intervient en tant que “règne animal de l’Esprit” tandis que chez Darwin, c’est le règne animal qui intervient en tant que société civile [26]... »

[221]

Ces idées sur le rapport entre Malthus et Darwin sont reprises par Engels dans sa lettre du 20 mars 1865 à Lange et dans celle à Kugelman du 27 juin 1870 [27].

II.- Du Ier au 4e livre du Capital

C’est dans le Capital que l’on trouve exprimées de la façon la plus complète et la plus claire les idées de Marx sur la relation homme-nature, sur la pollution industrielle, et sur l’épuisement du sol par l’agriculture. Voici quelques-unes des références les plus pertinentes. Dans le Livre I, Marx parle de la relative importance du travail et de la terre comme source de richesse [28]. Un peu plus loin dans ce même livre du Capital, Marx parle de l’exploitation capitaliste des travailleurs qui s’apparente à l’exploitation du sol par un agriculteur avide [29]. Rappelons encore le passage bien connu sur la fabrique dans lequel Marx dénonce la pollution industrielle et traite de la santé et de la sécurité des travailleurs [30] car ce sont là deux des principaux thèmes des écologistes contemporains. Autre passage très souvent cité par les écologistes d’aujourd’hui, le paragraphe sur la grande industrie et l’agriculture dans lequel Marx fait une analyse brillante du lien entre exploitation du sol et exploitation des travailleurs [31]. Enfin, mentionnons aussi une note dans laquelle Marx se réfère à Liebig qui a « fait ressortir amplement le côté négatif de l’agriculture moderne du point de vue scientifique [32] ».

En avril et en mai 1863, Engels parle dans ses lettres à Marx des précurseurs de Darwin : Lyell, Schmerling et Barthès, ainsi que Thomas Huxley. Quelques années plus tard, en 1866 et en 1868, Marx entame une mini-polémique avec Engels sur les travaux de Trémaux qui se présente comme un déterministe géologique. Il mentionne aussi Fraas qui montre que climat [222] et flore évoluent dans la période historique : « Il (Fraas) est darwiniste avant Darwin et fait apparaître les espèces elles-mêmes dans la période historique [33]. »

Dans sa lettre du 15 février 1869 à sa fille Laura et à Lafargue, Marx résume son opinion sur Darwin et sur le darwinisme :

« Darwin a été amené, à partir de la lutte pour la vie dans la société anglaise - la guerre de tous contre tous, bellum omnium contra omnes - à découvrir que la lutte pour la vie était la loi dominante dans la vie “animale” et végétale. Mais le mouvement darwiniste, lui, y voit une raison décisive pour la société humaine de ne jamais se libérer (emanzipieren) de son animalité [34]... »

Marx avait une grande estime pour Darwin. Ainsi, il lui envoie une copie du Livre I du Capital ainsi dédicacée : « Mr. Charles Darwin, On the part of his sincere admirer / Karl Marx... London, 16 June 1873, (...) Modena Villas, Maitland Park. » Darwin le remercie le 1er octobre de la même année dans une lettre polie et réservée [35].

Quelques années plus tard, Engels et Marx commencent à prendre leurs distances à l’égard de Darwin et surtout de ses disciples conservateurs. Dans une lettre à Piotr Lavrov de novembre 1875, Engels indique brièvement comment il s’y prendrait pour attaquer ces darwinistes bourgeois [36]. L’année suivante, Marx se plaint à Engels que Darwin a participé à une conférence nationale sur la question d’Orient manipulée par le parti libéral : « Charles Darwin aussi, hélas, a prêté son nom à cette saloperie de manifestation [37]. »

[223]

L’admiration de Marx et d’Engels pour Darwin et ses disciples s’est considérablement attiédie au cours des années soixante-dix. Ce refroidissement est notable dans la lettre d’Engels à Schmidt, zoologue darwiniste du 19 juillet 1878 [38]. Cela n’empêche toutefois pas Engels de parler élogieusement de Darwin lors des funérailles de Marx :

« Charles Darwin a découvert la loi de l’évolution de la nature organique sur notre planète. Marx est celui qui découvrit la loi fondamentale et constitutive qui détermine le cours de l’évolution de l’histoire humaine [39]... »

Dans le Livre II du Capital (qu’Engels fit paraître en 1885, deux ans après la mort de son auteur), Marx décrit le pillage des forêts sous le capitalisme dans des termes très modernes, que l’on pourrait facilement rencontrer aujourd’hui dans les écrits des écologistes politiques [40]. Dans le Livre III, paru seulement en 1895, l’année de la mort d’Engels, Marx parle de la pollution des eaux de la Tamise par les rejets des égouts, qui pourraient être avantageusement recyclés pour l’agriculture, et de la conservation des matières premières. Ici encore, Marx fait figure de précurseur [41]. Vers la fin de ce 3e livre, Marx s’inspire de Liebig pour attaquer une nouvelle fois l’agriculture capitaliste qui épuise le sol et met en danger l’avenir de la race humaine [42]. Dans Théories sur la plus-value, considéré comme le 4e livre du Capital, Marx revient à la charge contre Malthus, l’accusant d’avoir plagié non seulement Anderson mais aussi Ricardo, Townsend, Steward, Wallace, Herbert, etc., d’être un thuriféraire éhonté des classes dirigeantes et une brute cynique dans son comportement à l’égard des classes opprimées. Parlant du rapport entre Malthus et Darwin, il écrit :

[224]

« Dans son remarquable essai, Darwin ne s’aperçoit pas qu’il renverse la théorie de Malthus, en découvrant la progression géométrique dans les règnes animal et végétal. La théorie de Malthus consiste précisément à opposer à la progression géométrique des hommes, établie par Wallace, sa chimérique progression arithmétique des animaux et des plantes. Dans l’ouvrage de Darwin, par exemple, à propos de l’extinction des espèces, nous trouvons la réfutation de caractère matériel et historique de la théorie de Malthus, non seulement dans son principe fondamental, mais encore dans les détails [43]. »

Un peu plus loin dans le même essai, Marx résume ainsi son opinion à propos du livre de Malthus sur la population : « L’ouvrage de Malthus sur la Population est un pamphlet dirigé contre la Révolution française et les idées de réforme qui se faisaient jour alors en Angleterre (Goodwin, etc.). C’était une apologie de la misère des classes laborieuses. Sa théorie est un plagiat de Townsend, etc. [44]. »

À mon avis, c’est dans le Capital que l’on trouve les passages les plus importants de Marx concernant les dommages écologiques que les hommes ont infligés au milieu naturel, au milieu urbain et aux travailleurs. Les extraits auxquels j’ai fait référence suffiraient à eux seuls à montrer que le rapport entre marxisme et écologie n’est pas aussi antagoniste que certains écologistes et certains marxistes tentent de le laisser croire et que nous pouvons compter Marx parmi les précurseurs de l’écologie humaine et de l’écologisme.

III.- Anti-Dühring
et Dialectique de la Nature


Faisons maintenant brièvement référence aux deux ouvrages tardifs d’Engels dans lesquels il est plus question de la nature et de l’écologie, à savoir Anti-Dühring et Dialectique de la Nature. Dans la préface du premier, Engels situe le genre de science de la nature qu’il pratique par rapport aux philosophes [225] de la nature qui l’ont précédé : « Les philosophes de la nature sont à la science de la nature consciemment dialectique ce que les utopistes sont au communisme moderne [45]. » Il revient, une fois de plus, sur la critique marxiste des idées de Darwin et de Malthus, mais cette fois, Darwin écope autant que Malthus [46]. On est loin des éloges du début des années 1860. Par ailleurs, un peu plus loin, Engels parle favorablement des idées scientifiques de Haeckel [47].

Haeckel est non seulement celui qui inventa le mot « écologie », il est aussi celui qui formula la loi biogénétique fondamentale selon laquelle l’ontogénèse est une courte récapitulation de la phylogénèse, i.e. l’évolution de l’individu (sa croissance) est une brève récapitulation de l’évolution de l’espèce dans son ensemble. C’est donc un homme de science jouissant d’un certain prestige qu’Engels était intéressé à utiliser contre le pseudo-scientifique et pseudo-socialiste Düh- ring. Engels était heureux que Haeckel se fasse le défenseur de la liberté de l’enseignement des sciences contre Virchow, mais à mesure que Haeckel devint lui-même antisocialiste, Engels se révéla très critique à son égard. Le clivage entre eux s’élargit encore par la suite, surtout après qu’Haeckel se fut arrangé pour que le premier doctorat (honorifique) de phylogénèse de l’université d’Iéna soit attribué au chancelier Bismarck [48]. Il s’était attiré les foudres d’Engels en prenant position, comme Virchow, contre le socialisme en essayant de montrer que le darwinisme n’avait pas d’affinité avec lui. Dans une lettre à Lavrov le 10 août 1878, Engels écrit : « Vous aurez vu que les darwiniens allemands, en répondant à l’appel de Virchow, prennent décidément parti contre le socialisme. Haeckel, dont je viens de recevoir la brochure, se limite à parler en termes généraux des “verrückten Lehren des Sozialismus” (folles doctrines socialistes), mais M. Oscar Schmidt de Strasbourg va nous écraser con amore (avec joie) à la [226] Naturforscherversammlung (au congrès des naturalistes) de Kassel [49]. » Enfin, Engels reprend certaines idées exprimées antérieurement par Marx et lui sur la pollution urbaine [50].

Le dernier écrit d’Engels sur la Dialectique de la nature est resté inachevé. D’entrée de jeu, il y rend hommage à Kant qui introduisit le devenir dans l’étude de la nature et à Lyell qui introduisit la raison dans la géologie ; Lamarck et surtout Darwin faisant figure de précurseurs dans la recherche biologique. Dans l’Introduction, il compare les sociétés animales et les sociétés humaines en se servant de Darwin [51]. Dans le chapitre crucial sur « le rôle du travail dans la transformation du singe en homme », Engels nous sert une véritable leçon d’écologie générale. Il vaut la peine de le citer largement :

« Comme nous l’avons déjà indiqué, les animaux modifient la nature extérieure par leur activité aussi bien que l’homme, bien que dans une mesure moindre, et, comme nous l’avons vu, les modifications qu’ils ont opérées dans leur milieu réagissent à leur tour en les transformant sur leurs acteurs. Car rien dans la nature n’arrive isolément. Chaque phénomène réagit sur l’autre et inversement, et c’est la plupart du temps parce qu’ils oublient ce mouvement et cette action réciproque que vos savants sont empêchés d’y voir clair dans les choses les plus simples. Nous avons vu comment les chèvres mettent obstacle au reboisement de la Grèce... L’animal détruit la végétation sans savoir ce qu’il fait. L’homme la détruit pour semer dans le sol devenu disponible des céréales ou y planter des arbres et des vignes dont il sait qu’à la moisson ils lui rapporteront un grand nombre de fois autant qu’il a semé. Il transfère des plantes utiles et des animaux domestiques d’un pays à l’autre, et il modifie ainsi la flore et la faune de continents entiers. Plus encore. Grâce à la sélection artificielle, la main de l’homme transforme les plantes et les animaux au point qu’on ne peut plus les reconnaître... Bref, l’animal utilise seulement la nature extérieure et provoque en elle des modifications par sa seule présence ; par les changements qu’il y apporte, l’homme l’amène à servir à ses fins. Il la domine [52]... »

[227]

Mais il se rend bien compte que cette domination de l’homme sur la nature peut avoir des conséquences néfastes :

« Cependant ne nous flattons pas trop de nos victoires sur la nature. Elle se venge sur nous de chacune d’elles. Chaque victoire a certes en premier lieu les conséquences que nous avons escomptées, mais, en second et en troisième lieu, elle a des effets tant différents, imprévus, qui ne détruisent que trop souvent ces premières conséquences [53]. »

Et il termine ce chapitre par une attaque en règle contre le système capitaliste qui ne considère que les profits immédiats sans se préoccuper des effets naturels et sociaux de son action [54]. Dans le chapitre sur la « dialectique », Engels revient sur la question du rapport entre l’homme et la nature et il exprime de façon claire la position marxiste sur ce sujet :

« C’est pourquoi, en soutenant que c’est exclusivement la nature qui agit sur l’homme, que ce sont exclusivement les conditions naturelles qui partout conditionnent son développement historique, la conception naturaliste de l’histoire - telle qu’elle se manifeste plus ou moins chez Draper et d’autres savants - est unilatérale et elle oublie que l’homme aussi réagit sur la nature, la transforme, se crée des conditions nouvelles d’existence. De la “nature” de l’Allemagne à l’époque où les Germains s’y établirent, il reste diablement peu de choses. La surface du sol, le climat, la végétation, la faune, les hommes eux-mêmes ont infiniment changé, et tout cela du fait de l’activité humaine, tandis que les transformations qui dans ce temps se sont produites dans la nature de l’Allemagne sans que l’homme y mette la main sont insignifiantes [55]. »

Dans le chapitre sur les « Éléments d’histoire de la science », Engels traite de la conception de la nature chez les anciens, Aristote, les Éléates, Démocrite et Épicure et mentionne Lyell, Lamarck et Darwin comme ayant opéré des brèches importantes dans les sciences. Il critique aussi durement Haeckel [56], [228] ce qui ne l’empêche pas, dans le chapitre sur la « Biologie » de citer à diverses reprises ses ouvrages dont Generale Morphologie des Organismen dans lequel est défini le mot « écologie » et de le comparer avantageusement à Malthus et à Darwin [57]. En somme, Engels est au courant des écrits des précurseurs de l’écologie et des premiers écologistes et il s’en sert amplement dans cet ouvrage où il tente de montrer que la dialectique existe jusque dans la nature. Lui aussi peut donc être considéré, au même titre que Marx, comme un précurseur de l’écologie humaine et de l’écologisme.

Conclusion

Bien qu’ils n’aient jamais utilisé le terme « écologie », cette science ne commençant à se développer que vers la fin de leur vie, Marx et Engels, sur la base de ce que nous venons de voir de leurs écrits, peuvent sans doute être considérés comme des précurseurs de l’écologie humaine et sociale, de la sociologie de l’environnement et de l’écosociologie d’une part, et de l’écologie politique, surtout de la tendance appelée écosocialiste, d’autre part. Quant à l’écologie végétale et animale des débuts, à la base de ces développements plus récents au niveau humain et social, Marx et surtout Engels non seulement la voient émerger mais s’en inspirent dans leurs propres écrits. Les précurseurs de l’écologie biologique et de l’écologie humaine sont, comme nous l’avons vu, souvent cités dans leurs écrits, surtout à partir de 1859.

Marx et Engels furent surtout sensibles à l’interdépendance entre les humains et la nature. Leur matérialisme les pousse à privilégier l’importance de la détermination par les facteurs matériels, tels l’espace, les ressources naturelles, la technologie, etc., mais cela est quelque peu tempéré et contrebalancé par l’importance accordée aux réalités économiques et sociales et à la dialectique [58].

[229]

En fait, ils oscillent entre une perspective anthropocentrique et une perspective naturaliste qui s’affirment surtout à partir de 1860, c’est-à-dire à partir de leur découverte de la pensée de Darwin. En disciples rebelles de Hegel et de Feuerbach, ils sont tiraillés entre leur matérialisme d’un côté, qui les rend sensibles à l’importance de l’environnement naturel et des forces productives, et leur humanisme qui leur fait donner de l’importance au déterminisme économico-social, au devenir historique et à la dialectique. On peut même percevoir une petite différence entre Marx et Engels sur cette question. Pour Marx, la dialectique est dans la science, c’est-à-dire du côté de l’homme, plutôt que dans la nature elle-même, alors que pour Engels, surtout dans ses derniers ouvrages, la dialectique se situe au cœur de la matière, indépendamment de l’homme. Marx tente de maintenir un équilibre entre le matérialisme et l’humanisme, tandis qu’Engels semble vouloir retourner à un naturalisme qui n’est pas sans affinité avec celui de Feuerbach. Dans Anti-Dühring et dans Dialectique de la nature, Engels passe du matérialisme historique, que lui et Marx avaient présenté antérieurement comme une voie moyenne entre l’idéalisme et le matérialisme mécanique et vulgaire, à un matérialisme dialectique où l’accent est mis sur la nature plutôt que sur l’humain. Mais il faut dire, à son corps défendant, qu’il l’a fait avec l’approbation de Marx lui-même. Cette prise de position plus carrément matérialiste, pour ne pas dire naturaliste, qui va s’accentuant chez les fondateurs du marxisme est une option philosophique bien plus que scientifique. L’écologie et même l’écologisme se gardent bien de présenter une « Weltanschauung » aussi englobante et totalisante, et préfèrent rester davantage au niveau scientifique et empirique, et dans le cas de l’écologisme, au niveau politique. En appliquant la dialectique à la matière, Engels et jusqu’à un certain point Marx confèrent à celle-ci des qualités spirituelles, voire même des caractéristiques proprement divines. Il y a aussi quelque chose de messianique dans la façon qu’ils ont d’annoncer que le communisme réconciliera la nature et l’homme, et les hommes entre eux. Dans le marxisme, l’exploitation et l’oppression du prolétariat, classe élue par l’histoire, conduisent [230] à la fin (ou au début) de l’histoire un peu comme dans le christianisme les souffrances et le sacrifice de l’homme-Dieu amènent le salut du monde y compris de la matière et même la divinisation de la création. L’écologie et l’écologisme n’ont pas ce genre de visée religieuse qui caractérise le marxisme.

Ce qu’il y a de plus intéressant dans les écrits de Marx et d’Engels pour l’écologie et l’écologisme, c’est la critique des coûts sociaux et environnementaux de la production capitaliste, la préoccupation pour la qualité des sols et pour la santé et la qualité de vie des travailleurs. Il y a même un intérêt pour la beauté de la nature et pour la conservation des ressources, ainsi que pour la protection de la faune et de la flore. Par exemple, Marx mentionne avec éloge le fait que le contestataire paysan et religieux Münzer avait protesté contre la propriété privée des poissons, des oiseaux et des plantes. De plus, Marx et Engels sont tout à fait « écologistes » dans leur façon de relier le sociopolitique et l’environnement, par exemple dans leur façon très directe de parler de la destruction des humains et de la nature par le capitalisme et de stigmatiser la rapacité des entrepreneurs privés qui pillent non seulement les forêts mais aussi le sol et le sous-sol. Selon eux, malgré certains aspects progressistes, le capitalisme déshumanise l’homme et dénature la nature. C’est un système parasitique, cannibalistique et vampirique à l’égard de l’homme et de la nature.

La maîtrise humaine de la nature que visent Marx et Engels n’est pas un pillage ou une exploitation éhontée de celle-ci, mais une gérance prudente comme celle que préconise Francis Bacon quand il dit que l’homme peut et doit modifier la nature, mais en restant à l’intérieur des règles fixées par elle, que la nature doit être obéie si on veut lui donner des ordres. Ils sont favorables à une intervention active et planifiée à l’égard de la nature. Dans ce sens, ils sont plus proches de la perspective « bénédictine » que de l’approche « franciscaine », qui est plus contemplative et passive, pour utiliser la distinction faite par René Dubos entre deux types d’écologistes contemporains.

Pour Marx et Engels en effet, la nature doit être au service [231] de l’homme. Ils veulent organiser et développer la production de façon à satisfaire les besoins humains, tout en conservant la capacité régénératrice de la nature. La réponse de Marx et d’Engels à Malthus, prophète de malheur et porte-parole de la classe des rentiers de la propriété foncière, y compris des fonctionnaires et des couches moyennes, c’est qu’il n’y a pas de loi naturelle qui amène la progression géométrique de la population et la progression arithmétique des aliments. Selon eux, la terre, encore peu peuplée et développée au milieu du siècle dernier, pouvait faire vivre une population croissante à condition que la production agricole et industrielle soit organisée de façon rationnelle et scientifique, et qu’elle soit contrôlée par la classe des travailleurs. Ils ont entrevu les dommages que le capitalisme pouvait infliger à l’humanité et à la planète mais ils restent quand même fascinés par ce système qui « a sauvé une bonne partie de la population de l’idiotie de la vie rurale » comme ils le disent dans le Manifeste communiste.

Marx et Engels demeurent optimistes à l’égard du progrès technologique et économique, de l’abondance des ressources et des possibilités d’accroissement de la population humaine, à condition que ça se fasse dans un cadre socialiste et pour le plus grand bien des masses travailleuses. Ils rejettent à la fois la rapacité active du capitalisme et la passivité bucolique de certains socialistes utopiques. Leur position est très balancée, pour ne pas dire un peu ambiguë. Elle est très proche de celle de plusieurs écologistes contemporains car elle tient compte des facteurs matériels (i.e. géographie, climat, sol, etc.) ainsi que des facteurs économiques et sociaux. L’homme y est vu à la fois comme au-dessus de la nature et partie intégrante de celle-ci. Ils récusent non seulement le matérialisme vulgaire et le naturalisme absolu, mais aussi le volontarisme anti-environnementaliste que le stalinisme a rendu officiel pendant quelques décennies en URSS. Leur position fluctue à l’intérieur de l’espace situé entre ces deux pôles.

Malgré les déformations que le marxisme a subies et malgré la crise actuelle que celui-ci traverse, l’influence de Marx et d’Engels reste considérable en écologie. À mon avis donc, [232] Marx et Engels ont des choses à dire à l’écologie et aux écologistes contemporains, au même titre que plusieurs autres précurseurs. Mais je ne crois pas qu’on puisse aller jusqu’à dire que l’écologisme est un type de marxisme réel, et que Marx et Engels sont des fondateurs importants de l’écologie et de l’écologisme. Ils doivent prendre leur place à côté d’autres précurseurs mais ils ne sont pas à proprement parler des fondateurs importants de l’écologie et de l’écologisme.



[1] Fry, C., « Marxism versus Ecology », The Ecologist, novembre 1976, vol. 6, n° 9, pp. 328-332 ; Chappell, J.-E. Jr. « Marxism and Environmentalism », Annals of the Association of American Geographers, vol. 57, n° 1, mars 1967, pp. 203-206. Caldwell, L. K., Environment : A Challenge to Modem Society, Garden City, N. Y., Doubleday, 1971, p. 212 : « Le marxisme, à cause de son acceptation du déterminisme économique comme explication du comportement humain, a eu tendance à être peu sympathique au mode de penser écologique en relation avec les ressources naturelles ou avec l’environnement humain. »

[2] Bookchin, M., « A Discussion on “Listen Marxist” », in Post-Scarcity Anarchism, Berkeley, Ramparts Press, 1971, pp. 223-246. Voir aussi son Toward an Ecological Society, Montréal, Black Rose, 1980, pp. 193-210.

[3] Biolat, G., Marxisme et environnement, Paris : Éditions sociales, 1973 ; Mandel, W., « The Soviet Ecology Movement », Science and Society, vol. 36, n° 4, hiver 1972, pp. 285-416 ; Feeney, A., « Don’t Be So Hard On Bahro-Marx Was An Ecologist Too », The Guardian, janvier 25, 1984, p. 19.

[4] Parsons, H. L., (éd.) Marx and Engels on Ecology, Westport, Conn. : Greenwood Press, 1977 ; Claude, C. « Marxisme/Ecologie », Dialectiques, n° 31, hiver 1981, pp. 116-122 ; Shifferd, K. D., « Karl Marx and the Environment, Journal of Environmental Education, vol. 3, n° 4, été 1972, pp. 39-42 ; Skirbekk, G., « Marxisme et écologie », Esprit, 42 (440), 1974, pp. 643- 652.

[5] Ce genre de typologie, avec de légères variantes, est courante dans les écrits sur le mouvement écologiste. Voir, entre autres, mon livre récent : Mouvement écologiste, énergie et environnement : Essais d'écosociologie, Montréal : Editions coopératives Albert Saint-Martin, 1982, surtout les pages 75-96 sur le mouvement écologiste au Québec.

* Pour des raisons d’espace, nous avons été amenés à supprimer la plupart des longues citations présentées dans le manuscrit (A.C., M.S., M.BI. T.).

[6] Syer, G. N., « Marx and Ecology », The Ecologist, vol. 1, n° 16, octobre 1971, pp. 19-21 ; Clow, M., « Alienation from Nature, Marx and Environmental Politics », Alternatives, vol. 10, n° 4, été 1982, pp. 36-40.

[7] Le livre de Schmidt, A., The Concept of Nature in Marx, London, New Left Books, 1972, publié en allemand en 1962, ne parle pas d’écologie comme telle, mais il contient, comme le livre de Parsons cité plus haut, plusieurs références importantes.

[8] Marx, K., La Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure, Bordeaux, Ducros, 1970.

[9] Commoner, B., L’Encerclement, Problèmes de survie en milieu terrestre, Paris, Seuil, 1972.

[10] Marx, K., Manuscrits de 1844, Paris, Éd. sociales, 1972, p. 87.

[11] Ibid., p. 101.

[12] Engels, F., « Esquisse d’une critique de l’Économie Politique » cité par Parsons, dans Marx and Engels on Ecology..., p. 172.

[13] Marx, K. et Engels, F., Critique de Malthus, Paris, Maspero, 1978, p. 58.

[14] Ibid., p. 61.

[15] Ibid., pp. 61 et 64.

[16] Ibid., p. 65.

[17] Engels, F., la Situation de la classe laborieuse en Angleterre, Paris, Ed. sociales, 1961.

[18] Clavez, J.-Y., la Pensée de Karl Marx, Paris, Seuil, 7e édition revue et corrigée, 1966, p. 26.

[20] Marx, K., « On the Jewish Question » dans Karl Marx Early Writings, New York, McGraw Hill, 1964, p. 37. En fait, cet écrit de Marx date de 1843, et il a été publié dans les Annales franco-allemandes en 1844.

[21] Marx, K., Fondements de la critique de l’économie politique. Ébauche de 1857-1859, Paris, Anthropos, 1968.

[22] Marx, K., Manuscrits de 1857-1858 (« Grundisse »), Paris, Éd. sociales, t. II, pp. 96-97.

[23] Marx, K. et Engels, F., Lettres sur les sciences de la nature, Paris, Éd. sociales, 1973, p. 19.

[24] Ibid., p. 20.

[25] Ibid., p. 21.

[26] Ibid., p. 22.

[27] Ibid., p. 35.

[28] Marx, K., le Capital, Livre 1, Paris, Garnier-Flammarion, 1969, p 47 et pp. 141-142.

[29] Ibid., p. 200.

[30] Ibid., pp. 305-306.

[31] Ibid., pp. 362-363.

[32] Ibid., p. 660.

[33] Marx, K. et Engels, F., Lettres..., op. cit., p. 62.

[34] Ibid., pp. 70-71.

[35] Comme l’ont récemment montré plusieurs chercheurs, la lettre de Darwin du 13/11/1880 refusant de permettre qu’un livre lui soit dédié n’était pas adressée à Marx mais à son gendre Aveling qui voulait lui dédier son livre The Student’s Darwin. Voir, entre autres. Fa Y, M. A., « Marx and Darwin. Literary Détective Story », Monthly Review, March 1980, vol. 31, n° 10, pp. 40-57.

[36] Lettres..., ouvrage cité, p. 85. Ce passage est repris presque textuellement dans Engels, F., Dialectique de la Nature, Paris, Ed. sociales, 1968, p. 317.

[37] Ibid., p. 89.

[38] Ibid., pp. 94-95.

[39] Dans Marx, K. et Engels, F., Lettres..., ouvrage cité, p. 114.

[40] Marx, K., le Capital, Livre deuxième, Paris, Éd. sociales, 1976, p. 213.

[41] Marx, K., le Capital, Livre troisième, Paris, Ed. sociales, 1976, pp. 111-113.

[42] Ibid., p. 735.

[43] Critique de Malthus, ouvrage cité, pp. 135-136 ; voir aussi Marx, K., Théories sur la plus-value, Paris, Ed. sociales, 1975, tome II, p. 129.

[44] Critique de Malthus, p. 229. Théories sur la plus-value, tome III, p. 66.

[45] Engels, F., Anti-Dühring, Paris, Éd. sociales, p. 41.

[46] Ibid., p. 100.

[47] Ibid., p. 104.

[48] Après avoir créé en 1904 un mouvement politique conservateur, la ligue moniste allemande, dont il fut par la suite président honoraire, Haeckel devint encore plus conservateur et plus antimarxiste.

[49] Lettres..., ouvrage cité, p. 95.

[50] Anti-Dühring, ouvrage cité, pp. 335-336.

[51] Engels, F., Dialectique de la Nature, Paris, Éd. sociales, p. 42.

[52] Ibid., pp. 178-180.

[53] Ibid., p. 181.

[54] Ibid., p. 183.

[55] Ibid., p. 233.

[56] Ibid., pp. 209, 228-229 et 277-278.

[57] Ibid., pp. 315-317.

[58] Marx, K., l’Idéologie allemande dans Œuvres choisies, 1, Paris, Gallimard, 1963, p. 125.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Guy Vaillancourt, sociologue, Université de Montréal Dernière mise à jour de cette page le jeudi 4 juillet 2019 11:52
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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