Sylvie Vincent a consacré toute sa carrière, à la «question» amérindienne, depuis l’histoire, la tradition orale, l’art, les conditions socio-économiques contemporaines, les revendications, etc., et par delà à la lutte contre le racisme et l’ethnocentrisme, pour une reconnaissance de l’altérité autochtone et pour une définition inclusive du nous québécois et du nous canadien. Elle fut l’une des fondatrices de la revue Recherches Amérindiennes au Québec, à laquelle elle a offert son soutien indéfectible durant quatre décennies. Elle a voulu que cette revue ne se caractérise pas seulement par la rigueur scientifique, mais également par son engagement pour la promotion des autochtones dans une perspective de responsabilité citoyenne, d’attention aux enjeux contemporains et de diffusion pour changer les perceptions et les mentalités.
Ses recherches s’inscrivent toutes dans ces mêmes paradigmes. Remarquable travail d’enquête pour recueillir, documenter, reconstituer, analyser, diffuser la tradition orale, les histoires de vie, les mythes, les rituels, les oeuvres rupestres, les visions du monde, l’occupation du territoire, la toponymie. Cela a toujours conduit à une remise en question radicale du narratif historique colonial dominant de même que des méthodes de travail habituelles. Remarquable travail d’enquête également sur les conflits contemporains : les rivières à saumon et la pêche industrielle ou sportive, les grands barrages, la pollution par le mercure, les zones d’exclusion pour l’aviation militaire de la défense nationale canadienne, bref, pour tout ce qui concerne, à l’époque contemporaine, la poursuite des dépossessions territoriale et identitaire autochtones sous toutes leurs formes.
Sylvie Vincent est la co-auteure avec Bernard Arcand du livre : L’image des
Amérindiens dans les manuels scolaires, qui leur a valu le prix Eaford (Organisation
for Elimination of All Forms of Racial Discrimination). Sylvie Vincent n’a pas
que dénoncé le racisme de nos manuels scolaires et l’héritage colonial de notre
historiographie ; elle a été très active pour proposer la transformation des programmes
de sciences humaines au primaire et au secondaire, pour produire des
guides à l’usage des professeurs du primaire et du secondaire, pour parler des
Amérindiens et des Inuits, pour concevoir des manuels d’histoire à l’usage des
étudiants autochtones de même qu’à celui des étudiants adultes de retour aux
études.
Source : Société des dix. http://www.er.uqam.ca/nobel/sodix1/?q=node/157/
[EN LIGNE] Consulté le 29 mars 2012.
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