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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
L’Université, l’universitaire et la Cité Alain Even[1]
Introduction Extrait de la Conférence Les premiers contacts concernant cette dernière intervention en qualité d’enseignant à Rennes 2 (ma retraite court à compter de ce dimanche 1er octobre) m’avaient fait part de l’intérêt de quelques collègues formant « comité de pilotage » pour d’ultimes réflexions sur notre métier. J’ai décliné l’invitation craignant le pire en matière de poncifs…. Après quelques hésitations j’ai pris le parti de réfléchir avec vous du métier d’universitaire et de l’Université au regard de ce que l’on peut tisser comme liens avec la Cité, ce qui a toujours été pour moi la première exigence. Préparer cet exposé a été l’occasion de faire le point sur un parcours de 40 ans, merci aux initiateurs de m’avoir contraint à cette rétrospective. Cette conviction que l’Université et la cité, la Société, sont intimement liées est née au tout début d’une carrière qui n’aurait pas du être. Les plus intimes d’entre vous savent bien que j’ai été universitaire par accident et que c’est à l’Université de Moncton, où j’ai fait mes premières armes en septembre 1966, que j’ai forgé mes premières convictions : Etudiant, plutôt engagé, il me semblait que les enseignements diffusés par l’Université dans les années 1960 ne proposaient guère de clefs de lecture à la compréhension du monde et que les vrais questionnements étaient ailleurs. Parachuté à l’Université de Moncton pour y enseigner des Sciences Sociales, j’ai été très vite confronté au bien fondé de l’existence même de cette petite Université crée pour et par la Communauté acadienne minoritaire, d’où le titre de mon premier article : « Une université sous développée dans une région défavorisée ». La raison première de l’Université était d’être au service des populations acadiennes de langue française immergées dans des provinces atlantiques à dominante anglophone et surtout, acte militant, d’avoir une fonction identitaire mobilisatrice et de contribuer au développement de la communauté acadienne en produisant des élites pour ne pas être totalement dominés par les « maudits anglais ». Première conviction : l’université est le produit de la Société et a une responsabilité vis-à-vis de la Cité, elle ne peut se penser hors du monde, elle a sa part de responsabilité à prendre dans le développement, je ne disais pas encore Développement Humain Durable à l’époque mais au fond c’était déjà ma référence. Société totalement mythifiée la communauté acadienne ne pouvait évoluer qu’en sortant du légendaire « Grand Dérangement » et de la mélancolique histoire d’Evangéline. D’où la nécessité, pour la société acadienne, de produire une connaissance actuelle sur elle-même, savoir qui était totalement inexistant. Deuxième conviction : les universitaires ont une responsabilité de produire et de diffuser des connaissances sur le milieu au sein duquel l’université est insérée. Il y avait bien de la distance entre les enseignements académiques français aux programmes identiques sur tout le territoire national et ce qui était attendu et entendu par mes premiers étudiants. Il n’était pas possible d’enseigner tranquillement et doctement, en tous les cas les Sciences Sociales, de nombreux étudiants attendaient autre chose : comment sortir de la « grande noirceur », d’un certain étouffement… Troisième conviction : l’enseignement ne saurait se limiter à ce que l’académie en attend. L’idée que l’Université et l’universitaire avaient une responsabilité d’éveil au monde ne m’a jamais quitté et certains enseignements, ceux qui interrogent, doivent de mon point de vue être présents dans les programmes pour contribuer comme disait Condorcet à desserrer l’esprit, à rendre libre. 1. l’université acteur du développement 2. l’universitaire acteur dans la cité 3. pour des enseignements contributeurs de citoyenneté [1] Conférence prononcée à l’occasion de la « cérémonie » de départ en retraite, UFR des Sciences Sociales, Université de Rennes 2, le 28/9/2006
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