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Collection « La désintégration du Québec et des régions »
Partage des richesses: options pour la fédération (septembre 2002) Introduction
Une édition électronique réalisée à partir du texte du Centre de recherche et d'information sur le Canada, Partage des richesses: options pour la fédération. Les Cahiers du CRIC, no 7, septembre 2002, 52 pp. [un document traitant du principe de la péréquation canadienne.]
Introduction Le partage fiscal : une question darithmétique ou de valeurs ? Pierre ONeil
Cest bien connu, constitution et finances publiques sont les mamelles qui nourrissent traditionnellement les grands débats daffaires publiques sur lévolution de la fédération canadienne.
Une certaine « lassitude constitutionnelle » sétant installée dans le pays depuis quelque temps, les leaders politiques ont adopté lautre discours, celui qui puise jusquà plus soif au partage des ressources financières au sein de la fédération.
CONVERGENCE DES DOSSIERS
quune conjonction de planètes mobilise les scientifiques, de même la convergence de la hausse des coûts du système de santé, de la perception dun déséquilibre fiscal entre niveaux de gouvernement, des besoins financiers criants des grandes villes canadiennes, et de la critique soutenue du système de péréquation agite la classe politique. Le débat sur ces questions occupera le premier plan de lactualité dans les mois qui viennent.
Ce septième Cahier du CRIC diffuse des extraits de documents publics et une brochette darticles originaux, les uns didactiques, les autres argumentaires, destinés à illustrer la diversité des éléments constitutifs du dossier auxquels font face les chefs de gouvernements.
On trouvera donc dans ce numéro des points de vue de spécialistes et de politiques sur la péréquation, un extrait du rapport Séguin sur le « déséquilibre fiscal », la réaction du gouvernement fédéral à cet égard, des opinions sur le transfert des points dimpôt comme élément du partage fiscal. Venus dhorizons différents, le professeur Gilles Paquet et le maire de Winnipeg, Glen Murray, évaluent de manière semblable la problématique du financement des villes. Enfin, on lira un plaidoyer pour un retour aux valeurs canadiennes, souvent oubliées, dont procèdent des programmes comme celui de la péréquation et de lassurance-santé.
Ces valeurs de partage, déquité, de justice distributive constituent les pierres dangle de toute fédération. Or, dans le débat actuel, elles sont en partie occultées, dune part par le vocabulaire de la politique politicienne et dautre part par les inévitables et complexes données techniques relatives au partage des ressources financières dans un système fédéral.
Plus ou moins absentes du débat, ces valeurs restent pourtant porteuses de grande signification dans lesprit des citoyens. À preuve les idées claires et très fortes quils entretiennent au sujet de la péréquation.
DES OPINIONS FORTES
En novembre 2001, Portraits du Canada (note 1), le sondage annuel du Centre de recherche et dinformation sur le Canada (CRIC), révélait en effet que :
dans une proportion de 83 pour cent, les Canadiens appuient le programme de péréquation;
fait remarquable, lopinion sur la politique nationale de partage de la richesse varie très peu dune région à lautre;
plus faible en Alberta et plus fort au Manitoba, le soutien accordé à la péréquation est sensiblement égal chez les citoyens des provinces dites moins bien nanties et ceux des provinces considérées comme plus riches;
la mesure de lappui massif à la péréquation ressort tout aussi clairement de labsence dune volonté réelle des Canadiens den réduire la portée et cela, en dépit des critiques émanant des dirigeants provinciaux ou encore des économistes et des universitaires qui assimilent parfois le programme à un service social engendrant la dépendance financière des provinces bénéficiaires;
une très forte majorité de Canadiens considèrent que la réduction des inégalités économiques régionales doit constituer une priorité des gouvernements;
enfin, pour améliorer le fonctionnement de la fédération, 93 pour cent des Canadiens estiment prioritaire que les gouvernements fédéral et provinciaux collaborent davantage et 80 pour cent croient quil vaudrait mieux que les gouvernements travaillent ensemble plutôt que de sen tenir strictement à leurs juridictions.
MAIS DES CITOYENS ÉTRANGERS AU DÉBAT
Comment expliquer, dans ces circonstances, lapparente incapacité des citoyens de sintéresser aux discussions sur la péréquation, les points dimpôt, les coûts de la santé, le financement des grandes villes canadiennes ? Quelques éléments de réponse viennent spontanément à lesprit.
Certes, comme indiqué plus haut, le caractère technique du débat, enrobé par les économistes, commentateurs et politiciens en un jargon hautement indigeste, na rien dinvitant, voire même, quelquefois, de compréhensible.
Au surplus, les échanges de vue prennent plus souvent quautrement, au sein de la classe politique, des allures de jeu de souque à la corde ou de séances de maquignonnage dont le caractère prévisible finit par engendrer lennui.
Certains attribueront lindifférence apparente des citoyens à labsence dinstitutions et de mécanismes, comme il en existe dans dautres fédérations, destinés à encadrer ces grands débats intergouvernementaux.
À cela, lauteur dune étude récente sur les fédéralismes comparés du Canada et de lUnion européenne (note 2) répond que les Canadiens devraient « apprendre à considérer comme particulièrement pertinentes leurs manières de régler au jour le jour leurs conflits de compétences ».
« Cela, poursuit-il, leur permettra de valoriser ainsi un principe fédéral bien compris plutôt que de songer à ces brouilles comme un pis-aller [ ] En tout état de cause, le style politique propre à la fédération canadienne, quil prenne une forme conflictuelle ou coopérative, est propice à linnovation. »
UN CONTEXTE PROPICE
Au delà-de ce pragmatisme propice à linnovation, dautres facteurs contribuent à créer un contexte où laffrontement qui se dessine entre gouvernements sur le partage des revenus pourrait quand même trouver une issue satisfaisante.
Dabord, et cela nest paradoxal quen apparence, la convergence des éléments du débat survient dans une période marquée par un certain assainissement des finances publiques.
Voilà peut-être de quoi oser espérer que les discussions à venir seront moins stridentes. Ensuite, tant par son cortège de menaces que par les avantages qui peuvent en découler pour les différents niveaux de gouvernement, la mondialisation des économies devrait, de nécessité, inspirer aux chefs de file politiques une volonté de concertation beaucoup plus vive que par le passé quant au partage des ressources fiscales.
Autre élément dun contexte propice à la recherche de solutions novatrices, les Canadiens, au cours des dernières années, se sont dotés dans toutes les régions du pays dune nouvelle génération de leaders politiques. Ceux-ci ont loccasion, sils ont aussi la sagesse de la saisir, de recentrer le débat sur les valeurs, quévoquent certains collaborateurs dans ce cahier, valeurs qui ont puissamment inspiré, au milieu du 20ième siècle, les politiques de partage de la richesse entre les diverses régions du Canada.
RETOUR AUX VALEURS
Dans un document de recherche publié récemment par la commission Romanow sur le système de santé (note 3), les auteurs discutent de la place des valeurs dans la réforme du régime.
Ils concluent quil ny a pas lieu, pour corriger le système, dabandonner ou de repenser les valeurs qui le sous-tendent. Il faut semployer, plutôt, à incarner ces valeurs dans des institutions contemporaines. Cela requiert entre autres une grande sensibilité aux réalités socio-politiques et économiques du pays.
Ces considérations valent tant en ce qui concerne le financement du système de santé quen ce qui a trait à lappui financier dont ont besoin les grandes villes canadiennes et aux revendications des provinces relatives au déséquilibre fiscal réel ou perçu entre les deux niveaux de gouvernement.
Selon Ronald Watts (note 4), une sommité reconnue dans le monde pour ses travaux sur le fédéralisme, un des principaux facteurs de réussite des fédérations tient à lacceptation, tant par la classe politique que par la population, des valeurs et des processus fondamentaux quappelle le régime fédératif.
Rêvons un peu ! Le débat sur le partage de lassiette fiscale crée une occasion formidable, pour une nouvelle génération de leaders politiques, de raviver les valeurs de justice économique et sociale, de promotion des droits et de cohésion sociale quévoquent Joe Ruggeri et Frank Strain dans ce cahier.
Il peut ouvrir la possibilité dune plus grande symbiose entre le discours politique et les points de vue des citoyens.
Il peut même, en dernière analyse, contribuer à resserrer le tissu social du pays et à infuser au partage des ressources financières son plein message de solidarité.
Pierre ONeil est directeur général du Centre de recherche et dinformation sur le Canada (CRIC).
Notes:
1 Centre de recherche et dinformation sur le Canada (CRIC), Portraits du Canada 2001, Cahier du CRIC no 4 (Montréal : CRIC, 2002), pp. 22-24; disponible sur le site : www.cric.ca.
2 Bruno Théret, « Lunion sociale canadienne dans le miroir des politiques sociales de lUnion européenne », Policy Options / Options Politiques, vol. 3, numéro 9 (août 2002), p. 10.
3 Theodore R. Marmor, Kieke G.H. Okma, Stephen R. Latham, Quelles sont les implications des valeurs nationales des institutions et des politiques de santé dans la réforme de lassurance-santé ?, Document de recherche numéro 5, Commission sur lavenir des soins de santé au Canada, juillet 2002.
4 Ronald Watts, Comparaison des régimes fédéraux des années 1990 (Kingston, Ontario : Institut des relations intergouvernementales, Université Queens).
Dernière mise à jour de cette page le Lundi 11 août 2003 16:30 Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
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