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Collection « La désintégration du Québec et des régions »
L'Ascension, Lac-Saint-Jean, 4 mai 2004.
Réplique à Gérard Bouchard Les droits des uns et des autres.
Richard Harvey LAscension, 4 mai 2004 Le présent texte se veut une réplique au document de Gérard Bouchard, professeur à lUQAC, publié dans lédition du samedi 1er mai 2004 et intitulé « La région a rendez-vous avec lhistoire, elle ne doit pas le rater! ». Cet exercice catéchistique que daucuns reconnaissaient un peu prématurément comme une « contribution majeure, complète et de qualité (sic) » est en réalité une illustration parfaitement stéréotypée du discours officiel lesté de demi-vérités qui vise a banaliser les conséquences de lApproche commune signée le 31 mars dernier. Un exercice pour le moins futile si on en juge par les déclarations du grand chef de Mashteuiash, Gilbert Dominique qui, dans le Progrès Dimanche du 2 mai 2004 (dès le lendemain), proclamait dores et déjà et unilatéralement la mise en place dun nouvel ordre de gouvernement « Innu » à la grandeur du Nitassinan et ce dans les meilleurs délais! Pour le premier de ces messieurs, cette sortie constitue un rebondissement spectaculaire et contradictoire dont on imagine facilement quil sen remettra. Néanmoins il mapparaît à propos de souligner quelques errances parmi dautres que contient le document de M.Bouchard. Dabord cette obligation de résultat auquel il nous convie dans le titre même de son texte ainsi que dans la conclusion quil nous sert, nest pas un critère de réussite en soi, loin de là. Dans un contexte ou les enjeux sont si fondamentaux, cette attitude condescendante frôle lirresponsabilité. La démarche de négociation doit être soustraite des pressions exercées sur les protagonistes pour quil y ait au moins « apparence » de bonne foi. Léquité nexiste que dans la satisfaction des parties. Les consensus à larraché sont une tricherie de nos démocrates modernes. À éviter. Deuxièmement, contrairement à ce que prétend M. Bouchard, lentente est un engagement formel des parties à reconnaître entre autre - et cest primordial - le titre aborigène, qui est en fait un titre de propriété comme le stipule dailleurs le juge en chef Lamer de la Cour Suprême dans ses réflexions sur lapplication et la reconnaissance du titre aborigène (Delgamuuk 98). Ce titre foncier consenti aux « Innus » est donc un titre de propriété « à ne pas sy méprendre » (sic) qui devient éminemment plus contraignant que « certains droits sur le territoire » comme il le prétend. Un titre existe ou il nexiste pas et la portée de celui-ci est non négociable. Ce simple fait confère déjà à lentente une portée légale sans équivoque avant même la signature dun éventuel traité. En matière de droit autochtone, la jurisprudence nous démontre dailleurs quon a déjà fait beaucoup plus, avec beaucoup moins! La sortie du chef Dominique confirme ce fait. Troisièmement M. Bouchard prétend que lappui par les « Blancs », des revendications autochtones en matière de redevances, inciterait lÉtat québécois à nous être obligé de la même manière a posteriori, avec lappui des autochtones . Plutôt tordu comme stratégie nest-ce pas? Ce réflexe de colonisé fait-il partie de notre héritage culturel commun ou est-ce un cas isolé? Pour quun pareil scénario se réalise il faudrait dabord que plus de gens soient contaminés par cette tares(!), et surtout quil reste assez de fonds dans la cagnotte à redevances pour nous guérir un peu! Or il ny a rien de moins certain que cette éventualité, car déjà du côté des négociateurs « Innus », lobjectif visé en ce qui concerne la part des redevances assujetties est fixé entre 25 et 50% et non plus de 3% comme le stipule lentente. Du coup les montants versés à chacune des communautés « innus » passeraient de 1.6 (?) à 15 millions$ et plus, annuellement. Et ce nest pas tout! Imaginez maintenant que le montant de base des redevances assujetties au partage passe de 200 millions$ à 400 millions$ dici 20 ans conséquemment à la mise en chantier de méga-projets hydroélectriques, miniers, forestiers hydriques ou autres qui ne manqueront pas de foisonner. Faites le calcul et vous aurez le compte. Vous comprendrez dabord que les enjeux sont loin dêtre banals et ensuite pourquoi les opportunistes du monde entiers se lèchent déjà les babines. Comment pourrons-nous exiger et obtenir ( a posteriori! ) des redevances sur la productivité dun territoire qui ne nous appartient plus? Un territoire sur lequel on aura restreint nos droits, jusquà les éteindre? Quatrièmement, en matière déthique démocratique et de droits des minorités M .Bouchard confond les genres. Les droits linguistiques, les droits territoriaux, les droits afférents, les contextes dapplication; tout y est mélangé. Dans toutes les démocraties du monde cest une prérogative et même un devoir des majorités de veiller à leurs intérêts et de protéger le bien commun. Or si « la jouissance dun droit ne doit pas dépendre de lhumeur dune population possédant lavantage du nombre »; la jouissance dun droit par une minorité et la nature même de ce droit ne peuvent sappliquer que sil y a reconnaissance de la présence de la majorité et de ses prérogatives. Autrement il ny a pas de gouvernance possible. La souveraineté territoriale incidemment est indivisible. Elle peut parfois sexercer par délégation de pouvoir ( la confédération canadienne en est un exemple ) mais ne peut être divergente sans risquer léclatement. Une majorité est par conséquent et selon moi tout à fait justifiée dexprimer ses « humeurs » lorsque des intérêts minoritaires divergents saccaparent de privilèges ou de leviers qui peuvent être préjudiciables à sa survie ou à son développement sur un territoire donné, comme cest le cas présentement, ici, avec lApproche commune; dans lensemble canadien avec la souveraineté du Québec et dans dautres parties du monde où cela a malheureusement dégénéré en des conflits interminables. La démocratie existe ou elle nexiste pas! Faut vivre avec ou pas! Cinquièmement et enfin, M. Bouchard à complètement oublié (!?) de mentionner lexistence dune importante communauté Métis au Saguenay-Lac-St-Jean. Beaucoup plus importante en nombre que celle des « Innus », une nation totalement reconstituée sil en est une, pour les besoins de la cause. Cette communauté historique Métis est distincte des « Innus », et son existence et ses droits ont été légalement reconnus en cour suprême en vertu de larticle 35 de la constitution canadienne, dans le jugement Powley de septembre 2003. Des gens laissés pour compte dans lentente, et qui verront leurs droits séteindre comme ceux des « Blancs » à la signature dun éventuel traité avec les bandes indiennes « innus », si rien nest fait pour que cela ne se produise. Devons-nous alors mettre cette omission sur le compte dun certain laxisme de lhistoire « expérimentale »? Assisterons-nous à une poursuite aveugle de la « réussite » à tout prix? Ou pouvons-nous au contraire compter sur le sens du devoir des historiens régionaux pour que triomphe la justice et léquité? Est-ce là une occasion trop grande pour eux? Pour ma part je considère quil ny a vraiment pas de quoi être fier dun peuple qui sest laissé berner une fois de plus par une poignée dindividus possédant largent et le pouvoir par le laxisme de son élite et par limbécillité de ses élus. Richard Harvey Rg 7 ouest LAscension de N.S!
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