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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir de l'oeuvre de Delphine Berroneau, Les bibliothèques numériques. D'hier à aujourd'hui, la transmission d'un savoir (2005). Mémoire de Master Ingénierie des Médias pour l'Education: UFR Lettres et Langues Université de Poitiers [Autorisation accordée le 13 octobre 2005 par l'auteure et son directeur de mémoire, Jean-François Cerisier, de l'Université de Poitiers] Introduction Les livres, depuis leur création et au cours des siècles, ont été l’objet de multiples représentations et croyances. Objets de connaissances, de pouvoir ou de menace, parfois interdits, il n’y a qu’à survoler les légendes et mythes qui leur sont rattachés pour s’apercevoir des nombreuses empreintes qu’ils ont laissées dans la culture occidentale. En France, la bibliothèque a longtemps été vue comme obscure, silencieuse, réservée à une élite. Contrairement aux Etats-Unis, où elle est très fréquentée depuis plusieurs dizaines d’années, et donc plus familière, la bibliothèque française reste un sanctuaire intimidant dans l’imagerie populaire. Et pour cause : ce n’est que dans les années cinquante que les bibliothèques voient arriver une nouvelle ère, sous la forme de subventions, manifestations d’un regain d’intérêt de l’Etat qui souhaite rattraper enfin le retard pris en France en matière d’aménagement des bibliothèques. L’arrivée de l’informatique et des nouvelles technologie fait le reste, et l’image des bibliothèques change graduellement, comme le remarquent A-M Chaintreau et R Lemaire : « Les ordinateurs contribuent bien, par incomptabilité, à chasser la poussière des bibliothèques »[1]. L’apparition progressive des ordinateurs et de l’informatique permet l’évolution de ces représentations négatives : les bibliothèques, en ouvrant leur porte aux ordinateurs, laissent entrer la modernité. La deuxième grande évolution française (et internationale) est l’arrivée des bibliothèques sur Internet. Mise en ligne des catalogues tout d’abord, puis de documents numérisés dans le milieu des années 90. Apparaissent alors sur le Net de nombreuses « bibliothèques numériques », proposant documents de référence, documents patrimoniaux, textes ou images, œuvres complètes parfois. Elles font suite à une prise de conscience importante pour la francophonie, car comme le souligne Marie-Claude Vettraino-Soulard : « Internet est rapidement devenu un outil performant d’hégémonie économique et un instrument puissant de domination culturelle »[2]. Internet se conçoit comme un nouveau moyen de diffusion culturelle pour la francophonie, et les bibliothèques numériques francophones fleurissent dès le milieu des années quatre-vingt dix, proposant en ligne documents patrimoniaux, textes, sons et images. Nous tenterons de définir ici en quoi les bibliothèques numériques sont les dignes descendantes des bibliothèques, et en quoi elles s’en démarquent. En d’autres termes : en quoi les bibliothèques numériques s’inspirent puis diffèrent de leur modèle premier, la bibliothèque traditionnelle, dans leur objectif de diffusion du savoir ? Nous nous attacherons ici plus précisément aux bibliothèques numériques francophones, et nous essayerons de comprendre, presque 10 ans après leur mise en place, leur rôle dans la diffusion de la culture francophone. Mais pour commencer, où en sommes-nous en matière de bibliothèque francophone ? Puis, pour observer le problème sous un autre angle, dans quelle mesure peut-on librement accéder à la culture francophone grâce aux actuelles bibliothèques numériques ? Qu’est-ce qui est proposé en matière de bibliothèques numériques francophones sur Internet ? Peut-on véritablement parler de progrès dans l’accès au savoir ? Y a-t-il simple accumulation ou recherche d’un service nouveau, d’un public nouveau ? Le problème principal qui se pose au commencement d’une étude des bibliothèques numériques est tout d’abord celui de la définition des termes : qu’est-ce qui différencie une bibliothèque numérique, une bibliothèque électronique, ou encore une bibliothèque virtuelle ? De nombreux chercheurs se sont penchés sur la question, et nous verrons par la suite que l’emploi du terme « numérique » ou « virtuelle » n’est pas anodin, ne serait-ce que dans le choix du panel des bibliothèques en ligne que nous étudierons. Le second problème est celui de la classification à l’intérieur même du panel. Il ramène à la création de frontières entre les disciplines : à titre d’exemple, une bibliothèque qui mettrait en ligne l’œuvre de Zola pourrait être consultée par des étudiants ou chercheurs de lettres, de sciences sociales ou d’histoire. C’est pourquoi cette classification se heurte avant tout au problème posé par la pluridisciplinarité des contenus : il est difficile de les dissocier et de les compartimenter dans la mesure où nombre d’entre elles traitent aussi bien des lettres que des écrits scientifiques. Il sera donc utile d’insister sur l’objectif lié à la construction de chaque bibliothèque numérique, sur le public visé, et d’étudier la constitution de la collection. D’une manière générale, le point central de notre étude sera le suivant : de quelle manière les bibliothèques numériques comptent-elles favoriser l’accès au savoir : en suivant pas à pas le modèle des bibliothèques physiques ou au contraire en inventant de nouveaux services ? Les contraintes posées par la structure du mémoire nous invitent à mettre de côté toute forme de réflexion d’ordre sociologique, nous ne nous poserons pas ici la question de l’origine sociale des consommateurs des services et savoirs offerts par les bibliothèques numériques. Evidemment, l’utilité des bibliothèques numériques serait grandie par l’élargissement du public utilisant ce nouveau service culturel, mais de telles réflexions constituent en elles-mêmes un sujet de mémoire et nous préférons nous arrêter au caractère technique plus propre à la formation dans laquelle s’inscrivent nos travaux. Nous ne chercherons pas non plus à enrichir la discussion selon laquelle les bibliothèques numériques risqueraient un jour de remplacer les bibliothèques traditionnelles. Ce débat, très représentatif des inquiétudes générales liées aux nouvelles technologies, est encore très loin d’être d’actualité. Le problème central de ce mémoire n’est donc pas l’existence ou non d’un danger pour l’avenir de nos bibliothèques, ou encore s’il y a ou pas démocratisation du savoir, mais l’étude de l’évolution de l’accès au savoir et de la mise en place des jalons conduisant à une potentielle démocratisation par le biais de l’informatisation. Ce mémoire est avant tout une étude structurelle où sera posé un regard critique sur les bibliothèques numériques et sur les éventuelles évolutions à en attendre, voire sur les innovations à mettre en place. Mais avant tout, il nous faut commencer par expliquer le rôle d’une bibliothèque en général, puis d’une bibliothèque numérique en particulier. Ainsi, nous tenterons d’observer en quoi cette dernière est le prolongement logique de la bibliothèque traditionnelle, logique dans le sens où il y a eu évolution de la manière de stocker et de transmettre le savoir. Nous pourrons expliquer ensuite en quoi ce produit se démarque de son modèle premier, par de nouvelles formes et de nouvelles représentations. Nous essayerons alors de définir précisément ce qu’est une bibliothèque numérique, quels sont ses objectifs, pour en arriver avec plus de précision aux bibliothèques numérique francophones. Pour cela, nous étudierons ce que propose un petit panel de bibliothèques numériques francophones libres d’accès, et comment ces collections sont mises en valeur. Nous prendrons soin pour cela de choisir des sites encore en fonctionnement, c’est-à-dire mis à jour régulièrement. Grâce à l’élaboration d’une grille d’analyse, nous essayerons de décrire en détail la structure et le contenu du site, afin de nous faire une idée sur les services proposés aux utilisateurs des bibliothèques numériques francophones. Nous tenterons d’observer avec précision quels dispositifs sont employés, quels services pour quelles ressources, et comment ces informations et ces connaissances s’organisent pour répondre aux besoins du public. [1] Anne-Marie Chaintreau et Renée Lemaitre, Drôles de bibliothèques, le thème de la bibliothèque dans la littérature et le cinéma, Editions du Cercle de la librairie, Paris, 1993 (p. 44). [2] Marie-Claude Vettraino-Soulard, les Enjeux culturels d’Internet, Hachette Education, Paris, 1998.
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