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Décès de l'Universitaire Lilyan Kesteloot, professeure de littérature africaine et critique littéraire à l'âge de 87 ans.
Hommage à Lylyan Kesteloot, de Mme Kathleen Gyssels, professeure-chercheure, Université d'Anvers, Belgique Courriel: [email protected] _____________________________________
“Elle vient de traverser le pont pour Dakar: Lilyan Kesteloot a rejoint l'Afrique
“C'est avec une immense tristesse qu'on vient d'apprendre le décès de Lilyan KESTELOOT (1931-28 février 2018), à Paris, grande dame des lettres africaines et antillaises. Après avoir vécu 19 ans au Congo, Kesteloot étudia à l'Université de Louvain et obtint son degré de maîtrise avec un mémoire sur Georges Bernanos. Mais complètement impliquée dans l'expérience vécue dans l'Afrique noire, elle se mit à préparer une thèse monumentale sur les revues d'avant-garde, les romans et recueils, Titulaire d'une thèse sur les auteurs "noirs de langue française" (Université libre de Bruxelles, en 1961, publiée en 1963 sous le titre Les écrivains noirs de langue française: naissance d'une littérature), la première en réalité sur cette génération d'Antillais, d'Africains, de Lilyan partageait son temps entre Dakar et Paris.
La première fois que je l'ai vue, et c'est cette image que j'aimerais garder à présent, était au colloque du CIEF à la Martinique, en 1992: on allait voir Aimé Césaire à la mairie de Fort-de-France et je m'approchai d'elle pour lui parler de la thèse que je préparais. Lilyan était pieds nus dans une robe style hippie, ses cheveux blonds dans une tresse.
D'une incroyable gentillesse, elle me parla d'oraliture et des contes animaliers, de l'importance d'aller parler - pendant qu'on y est - aux auteurs mêmes. prenant mon courage entre mes mains, j'ai alors pris le bateau pour aller en Guadeloupe et parler aux Schwarz-Bart.
Il est indéniable que Lilyan sut encourager un nombre invraisemblable de chercheurs et qu'elle motiva de nombreux thésards tant elle sut parler avec passion des auteurs qu'elle avait connus de très près: Césaire et Senghor, d'abord, mais aussi bien Damas, Zobel, Maran, Rabemanjara, Rabearivelo, Fanon, et jusqu'en janvier 2018, elle vint participer aux Conférences à l'ITEM et prit part aux nombreuses manifestations sur les nouveaux Afropéens, tant en France qu'ailleurs dans le monde.
Que sa famille et ses proches trouvent ici nos condoléances et sache que nous respecterons sa mémoire, elle, la passante qui sut relier l'Afrique à l'Europe et qui, avec ses publications pionnières bâtit un pont sur l'Atlantique, jusqu'à capter l'Amérique. Je pense ici à Conroy Kennedy avec qui elle travailla pour l'Anthologie The Negritude Poets (1975). Ellen Conroy Kennedy la remercie (p. XI), ensemble avec Ulli Beier et Janheinz Jahn et de nombreux autres. C'est au même rang de ces deux grands exemples d'intellectuels imposants, sans imposer, que je dis adieu à Lilyan.
https://www.youtube.com/watch?v=RNK5PeGyzkg
Autres références:
- Lilyan Kesteloot, “La littérature négro-africaine face à l'histoire de l'Afrique.” in revue Afrique contemporaine, 2012/1 (no 241), pp. 43-53. CAIRN.info, en libre accès. [En ligne] Consulté le 3 mars 2018.
- Tirthankar Chanda, “Disparition: Lilyan Kesteloot a été la grande pionnière des études africaines.” AFRIQUE. [En ligne] Consulté le 3 mars 2018.
- bbc.com/Afrique, “Décès de l'universitaire Lilyan Kesteloot.” [En ligne] Consulté le 3 mars 2018.
- Abdourahman A. Waberi, “La négritude n'aurait pas connu un tel éclat sans Lilyan Kesteloot.” [En ligne] Le Monde Afrique. Consulté le 3 mars 2018.
- Lilyan Kesteloot. Biographie. Les Éditions Orizon.fr. [En ligne] Le Monde Afrique. Consulté le 3 mars 2018.
- Wikipédia, l'encyclopédie libre, Lilyan Kesteloot. [En ligne] Consulté le 3 mars 2018.
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