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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Simon Frank, Dieu est avec nous. Trois médidations. [1941] (1955)
Table des matières


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Simon Frank, Dieu est avec nous. Trois médidations. Paris: Aubier Montaigne Éditeur, 1955, 275 pp. Collection: Philosophie de l'esprit. Ouvrage traduit du manuscrit russe (1941) par Maxime Herman. Une édition numérique réalisée par un bénévole qui souhaite conserver l'anonymat sous le pseudonyme “Antisthène”, un ingénieur à la retraite de Villeneuve sur Cher, en France.

[7]

Dieu est avec nous.

Avant-propos

À une étrange époque où se déchaînaient sur la terre les forces infernales, au milieu des inimaginables horreurs de la guerre mondiale, vivant dans un complet isolement, j’éprouvai le besoin de me rendre pleinement compte de ce en quoi je crois et qui me donne la force de vivre et de l’exprimer avec une sincérité entière, le besoin d’expliquer l’essence véritable et bénie de la foi et de la vérité divine.

Ma méditation embrasse les aspects multiformes de la croyance religieuse en général et, en particulier, son expression la plus parfaite dans la révélation du Christ et la foi chrétienne. Mais elle a un point central : elle s’appuie sur une expérience fondamentale : celle que l’âme humaine fait de l’immanence de Dieu, l’expérience de la perception des profondeurs spirituelles dans lesquelles l’homme entre réellement en contact, en communion avec Dieu. Car c’est dans cette expérience que les forces divines se déversent réellement en l’âme humaine et que Dieu lui-même vit et agit en nous. Toutes les pensées que j’exprime ne sont que variantes et déductions de cette expérience fondamentale.

Il est donc évident que mes réflexions contiendront une part d’aveu personnel, un élément de confession. Certes les personnes qui recherchent une vérité objective pourront demander : qu’avons-nous besoin de ta confession ? Elles pourront répéter la parole mordante de Lermontov : « Fais-moi part de ce que tu sais et je t’en serai reconnaissant ; mais tu me présentes ton âme : que diable m’importe ton âme ? » Ces personnes auront parfaitement raison partout où il s’agit de la connaissance théorique d’une vérité similaire pour tous et qui oblige de la même manière. Dans la recherche que je fais de cette vérité, en tous mes travaux philosophiques, je me suis toujours efforcé de fuir toute subjectivité, de ne pas confondre la connaissance objective avec une confession personnelle. Mais quand il s’agit d’une vérité qui se découvre seulement dans la vivante profondeur de notre propre esprit, non seulement cette vérité se découvre en fait d’une façon particulière à chacun, mais elle-même, en son essence propre, possède de multiples visages, elle porte une marque personnelle. Cela ne l’empêche pas d’être une : « Dans la maison de mon Père il y a beaucoup de demeures ».

[8]

Dans cette entreprise il y a certes un risque à courir : ce qui nous paraît à nous-même important et valable pour tous pourra sembler inutile à d’autres et être considéré simplement comme subjectif, comme le fruit d’une bizarrerie personnelle.

Il faut faire face à ce risque, inséparable en fin de compte de toute recherche de la vérité ; l’enjeu n’en est pas grand. « Qui a le droit d’écrire des Mémoires ? » demandait Alexandre Herzen dans l’avant-propos dont il faisait précéder les siens. Il répondait avec esprit : « Tout le monde, parce que personne n’est obligé de les lire. » Cette simple considération est également applicable aux présentes réflexions pour autant qu’elles ont le caractère d’une profession de foi personnelle. Si l’essai que je fais de raconter ce que l’expérience interne m’a appris et que je considère moi-même comme vérité, devait être malheureux et inutile, il conservera, pour ceux qui me sont apparentés en esprit, une valeur en tant que confession personnelle. Et si cet exposé de ce que j’ai vécu et pensé ne devait servir à personne, il m’aura de toutes façons servi à moi-même.

S. FRANK.

Le Lavandou (Var).
Septembre-décembre 1941.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 4 novembre 2023 11:17
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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