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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Cinquante ans de sciences sociales à l’Université Laval.
L’histoire de la Faculté des sciences sociales (1938-1988)
.
Avant-propos de la 1re partie


Une édition électronique réalisée à partir du texte du livre de Roger Godel, Vie et rénovation. De la biologie à la médecine vers la connaissance de soi. Paris: Les Éditions Gallimard, 1957, 348 pp. Collection: “Aux frontières de la science”. Une édition numérique réalisée par un bénévole qui souhaite conserver l'anonymat sous le pseudonyme “Antisthène”, un ingénieur à la retraite de Villeneuve sur Cher, en France.

[9]

Vie et rénovation

PREMIÈRE PARTIE
Regard sur la biologie

Avant-propos de la 1re partie

Cette étude fait un large emprunt aux récentes acquisitions de la biologie. Les schémas qui s’y trouvent exposés appartiennent jusque dans leurs moindres détails à la science de notre temps. Un lecteur bien informé des travaux accomplis dans ces dernières années saura s’y reconnaître. S’il rencontre sur son itinéraire quelques pages d’apparence trop poétisées, il voudra bien les attribuer à la nature spéciale du thème évoqué : il s’agit du cerveau de l’homme et de son esprit. Cette étrange machine contient en puissance toute la poésie et la musique autant que le savoir, on est contraint d’en parler avec émerveillement et respect. D’ailleurs la science perdrait-elle de son sérieux à quitter le masque d’austérité et de sécheresse dont on l’affuble souvent ?

L’homme d’aujourd’hui cherche à se connaître en explorant la physiologie du cerveau humain. Il s’y examine comme dans un miroir mais, nécessairement, complète l’image. Les faits, a-t-on dit dans un certain jargon scientifique, parlent d’eux-mêmes. A-t-on jamais entendu un fait élever la voix pour se faire connaître ?

Le miroir où l’homme se contemple lui renvoie un reflet. Il y découvre ce qu’il est apte à voir. Un temps arrive où il devra prolonger l’expérience derrière le cristal ; il s’interroge en face de son visage.

[10]

Les psychologues lui ont appris déjà quelles sortes d’images variées de lui-même il rencontrera : des figures et des forces singulièrement déconcertantes. Ces hôtes invisibles en séjour dans notre « inconscient » gouvernent nos actes, nos pensées. Leurs relations heureuses ou défavorables décideront pour nous de la paix ou de la guerre. Notre sort repose entièrement sur eux. Aucun homme ne sera maître d’ordonner son destin s’il ne s’affranchit de leur tutelle occulte.

Les meilleures intentions sont infectées de ces présences. C’est pourquoi toute entreprise sociale porte une marque indélébile qui l’expose par avance à détériorer, à perdre sa destination première. Elle subit l’empreinte d’innombrables « moi », conscients ou inconscients ; ces forces égocentriques revendiquent l’œuvre et la font graviter sur des orbites aberrantes.

L’homme délivrera-t-il sa demeure des hôtes indésirables en les affrontant ? Pour lutter contre eux, il ne connaît aucune arme efficace. D’ailleurs ils sont légion, renaissent comme les têtes d’une hydre. Leur seul dénombrement remplirait un catalogue.

Ne vaut-il pas mieux dépasser ce monde de larves obscures, pousser l’exploration en soi-même jusqu’à une profondeur telle que la conscience s’y révèle pure de germe ? De ce haut lieu, la perspective s’éclaire et les ombres dont nous sommes hantés reçoivent, sous notre regard, un faisceau du plein jour ; s’ils sont pris à revers ils perdent aussitôt leur faculté potentielle de nuire. La recherche scientifique se doit d’explorer l’homme jusqu’au terme de sa vie intérieure et sans s’arrêter à la faune de l’océan. Ce serait là un beau et nécessaire prélude — à vrai dire une indispensable préparation — au changement radical que les temps modernes exigent de l’homme.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 26 mai 2020 6:31
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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