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TRAITÉ DE LA VALEUR
II. Le système des différentes valeurs
Avant-propos
René Le Senne
L’élaboration de ce deuxième et dernier tome du Traité des valeurs de Louis Lavelle n’était pas achevée quand, dans la nuit du 31 août au 1er septembre 1951, la mort l’a interrompue. Fallait-il publier les manuscrits qui le préfiguraient ? On connaît l’exigence de perfection que Lavelle a toujours apportée dans la composition et la rédaction de ses ouvrages. Publier une esquisse et des fragments, ne serait-ce pas trahir ce souci profond ?
Nous ne l’avons pas pensé. D’abord il avait exprimé oralement le vœu qu’en cas de décès fussent examinés ses inédits philosophiques, et, en premier lieu, ceux qui étaient près de leur réalisation. Ce vœu s’appliquait évidemment à la dernière partie d’un livre que la précédente, déjà publiée, appelait comme son complément nécessaire. En outre, du moment que cette publication ne se heurtait à aucune interdiction préalable, comment pouvions-nous assumer la responsabilité de laisser ignorer et peut-être se perdre des éléments essentiels de la pensée axiologique du philosophe ? Enfin, si cette publication ne pouvait atteindre au degré d’accomplissement auquel il l’aurait amenée lui-même, elle présentait cet avantage nouveau de rapprocher ses lecteurs du travail même par lequel il méditait et composait.
Les papiers devant lesquels les éditeurs se sont trouvés leur imposaient, si du moins ils ne voulaient manquer aux devoirs d’une édition critique, la conduite qu’ils ont suivie. Ces papiers se répartissaient en trois groupes :
- 1° On y trouvait l’indication assurée du plan qui fournissait la structure du système des valeurs ;
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- 2° Une rédaction de l’ouvrage conforme à ce plan, sous réserve d’une certaine indécision au début du livre (Première Partie) et dans la section des valeurs économiques ;
- 3° Enfin, l’auteur n’avait cessé de réfléchir sur les thèmes de cette rédaction, et écrit des notes, méthodiquement classées, qui auraient certainement servi à l’intégration de la première rédaction dans une rédaction nouvelle.
Cet état de choses ne laissait aux éditeurs qu’un parti : maintenir tous les textes trouvés, qui, si rudimentaires qu’ils pussent être, appartenaient à la pensée de l’auteur, dans les 6 sections du plan qui correspondaient aux six valeurs fondamentales ; en chacune, reproduire en premier lieu la part de la rédaction qui en relève, puis y joindre, à titre de compléments, les notes qui devaient intervenir dans la rédaction définitive. C’est à cette tâche que nous nous sommes efforcés de satisfaire le plus respectueusement et le plus fidèlement possible.
Dans les quelques passages où, soit parce que le manuscrit était illisible, soit parce qu’il comportait une lacune, nous avons dû proposer une lecture ou une suggestion, nous avons marqué les termes que notre intervention rendait conjecturaux en les enfermant entre des crochets. Il en a été de même pour ceux des sous-titres que nous avons dû ajouter, pour la clarté de la présentation, au cours de l’ouvrage.
Tout ce qui relève de la bibliographie et de chaque Index a été, conformément à la volonté qui avait été exprimée par l’auteur, assuré de la même manière que dans le premier tome du Traité par Mlle Y. de C. et M. Gilbert Varet. Comme le désirait Louis Lavelle, la bibliographie a été poursuivie par eux jusqu’à la date de l’impression du livre. Nous les remercions de leur collaboration avec les mêmes sentiments que l’auteur l’aurait fait.
Les éditeurs :
Marie et Claire LAVELLE, René LE SENNE.
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