[vii]
LA CONSCIENCE DE SOI
Préface de l'auteur
I
La conscience de soi
et l’erreur de narcisse
La Conscience de soi est un livre destiné à montrer, par un appel à l’expérience de tous les jours, que la conscience que nous avons de nous-même, c’est nous-même. Le point où elle nous permet de dire « moi » est aussi le seul point du monde où se produit une exacte coïncidence entre connaître et être. Et nous avons essayé dans ce livre de montrer quel est cet être dont la conscience de soi nous apporte une sorte de révélation : un être fait d’ombre et de lumière, qui saisit le réel sous la forme de l’idée, qui est capable de communiquer sa pensée à autrui par la parole ou par l’écriture, qui agit par une initiative qui lui est propre, mais en mettant en œuvre une activité qu’il a reçue et dont il ne fait que disposer, qui est toujours présent à lui-même, mais comme un témoin dont l’amour-propre falsifie toujours la sincérité, qui est enfermé à jamais dans sa propre solitude, mais qui communie pourtant avec tous les hommes, qui, dans l’amour, découvre son intimité la [VIII] plus profonde au fond de la double et réciproque intimité entre celui qui aime et celui qui est aimé, dont la vie enfin s’écoule dans le temps et se termine à la mort, mais réside pourtant dans un présent éternel où il peut jouir déjà de tous les biens qu’il possédera jamais et qui sont des biens purement spirituels.
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En dépit de ces analyses, le titre même du livre a pu faire craindre que la conscience de soi ne nous enfermât dans une attention complaisante à notre être séparé. C’est là l’erreur dans laquelle est tombé Narcisse et contre laquelle nous avons essayé de nous défendre par un nouveau livre. Car avoir conscience de soi, ce n’est pas se regarder dans un miroir, comme voulait le faire Narcisse qui n’y voyait que l’ombre de lui-même : en cherchant à rejoindre cette ombre vaine au creux de la source où il se mirait, il ne pouvait que périr. C’est que le moi n’a point de réalité antérieure à cet acte par lequel il s’interroge, non point même sur ce qu’il est, mais seulement sur ce qu’il va être. Or, un miroir ne reflète que des choses : c’est l’univers qu’il nous montre et, dans l’univers, un corps dont je soupçonne avec une sorte de stupéfaction qu’il est le mien, que c’est ainsi que les autres me voient, mais avec lequel j’hésite à me confondre, dont je me rapproche et m’éloigne tour à tour et dont je confronte sans cesse la figure, que je suis incapable de toucher, avec celle de ce corps vivant dont je ne me sépare [IX] jamais, sur lequel je promène ma main et que je puis à peine voir.
Cet effort impuissant qu’il a fait pour embrasser son image a conduit Narcisse au tombeau : il est mort de l’amour de soi. Mais en réalité, les choses se passent autrement. L’homme qui cherche à se voir ne trouve point en lui la beauté qu’il espère ; et, dans une sorte de cynisme ou de désespoir, effrayé et humilié de ce que la nature lui montre, il est toujours prêt à dire avec un mélange de consternation et de défi : « voilà ce que je suis. » Or, il le dit quand il n’est rien encore, c’est-à-dire dès qu’il sent s’éveiller toutes ces forces qui animent en lui la vie du corps et qui sollicitent son consentement sans qu’il l’ait encore donné. Il ne les découvre pas sans une sorte de terreur : car il sent aussi que cet être qui est en lui, il est lui et pourtant il n’est pas lui ; mais il dépend de lui qu’il devienne lui. Ce qui n’arrive que s’il réussit à le convertir en sa propre substance, c’est-à-dire à en prendre la responsabilité et à l’assumer. Le moi naît de l’animal qui demeure toujours présent en lui et dont il infléchit toutes les impulsions plutôt qu’il ne les renonce.
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Mais il est possible de dépasser à la fois la Conscience de soi et l’Erreur de Narcisse, ou du moins de montrer que ces deux ouvrages sont eux-mêmes les expressions d’une philosophie dans laquelle la conscience que nous [X] avons de nous-même enveloppe la conscience que nous avons du monde. Réduit à lui-même, le moi n’appréhenderait que le vide : or ce vide, c’est le monde qui vient le remplir. Réduit à lui-même, le monde serait un spectacle pur dont le sens nous échapperait : ce sens, c’est la conscience de soi qui le lui donne.
II
L’extraordinaire pouvoir
que j’ai de dire « moi » et « je »
C’est un grand mystère que l’existence. Mais je ne le découvre que dans cet extraordinaire pouvoir que j’ai de dire « moi » ou « je ». Je ne connais rien de l’existence, mais je la porte en moi, je la possède, elle fait que je suis. Et la plus grande émotion que je puisse éprouver, qui est la source de toutes les autres, c’est qu’il y ait un être qui m’est toujours présent, dont je ne me sépare jamais, qui me constitue, qui semble toujours m’échapper et que je retrouve toujours, qui s’impose à moi malgré moi et qui est tel pourtant que c’est lui qui est moi. Cette émotion où je découvre dans le monde une existence qui est la mienne, aucune habitude ne l’efface : dès que le moindre loisir m’est donné, qui m’arrache au spectacle des choses et aux besognes les plus [XI] familières, elle est toujours renaissante. Elle m’enferme dans une solitude où personne ne pénètre. Mais dans cette solitude, je ne sais pas si mon ébranlement est plus grand de découvrir la présence d’un monde dont je fais partie ou de sentir que j’en fais moi-même partie. C’est là un indivisible et double secret : en comparaison, les choses familières qui captent tous les regards ne sont plus que des apparences fragiles qui s’éloignent de moi comme un chimérique décor.
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Le moi forme avec l’existence un nœud invisible et souterrain. Il plonge dans le tréfonds même de l’être des racines qui viennent percer la surface du sol et faire émerger à la lumière ma vie tout entière comme une arborescence miraculeuse. Là même où il est le plus obscur, il semble qu’il soit tout entier présent, bien qu’il n’en sache rien.
Cependant, là où je ne sais rien de moi, puis-je encore dire « moi » ? Cette chose toute proche et dont il me semble qu’elle est moi, si elle demeurait toujours ensevelie dans les ténèbres, me serait aussi étrangère que les choses les plus lointaines et dont le moi ne saura jamais rien.
Je ne le crois pas pourtant. Car il me semble qu’il y ait une affinité profonde, impossible à définir, entre cet être mystérieux que je porte en moi et le moi que je serai un jour lorsque j’en aurai pris conscience. Je ne découvre aucune affinité de ce genre entre un [XII] objet inconnu et la connaissance que je pourrai jamais en avoir : celle-ci ne me le révèle jamais comme mien, ni comme moi ; il reste un être autre que moi et dont la connaissance seule m’appartient. Mais quand il s’agit du moi, tout change : le moi naît de la conscience même que j’en prends.
Je me trouve donc ici en présence d’un étrange paradoxe. Car voilà un être qui était pour moi comme s’il n’était rien tant que ma conscience l’ignorait, mais qui, dès qu’elle s’en empare, et par une sorte de transfiguration ou de transsubstantiation véritables, devient tout à coup la substance de ce que je suis. Devant tant de choses mystérieuses que l’expérience de la vie fait surgir tour à tour de la nuit de mon âme, je frémis toujours de penser qu’elles sont issues de moi, qu’elles vont me surprendre et m’envahir sans que je sois capable ni de les revendiquer, ni de les renier.
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Mais qu’étaient-elles donc avant d’éclore au jour ? Comment puis-je même affirmer leur existence avant le moment où elles viennent m’apporter leur témoignage, solliciter mon attention pour que je les connaisse comme miennes, ma volonté pour que j’en prenne sur moi la charge ? Elles ne sont encore que de pures possibilités cachées au fond de ma nature, mais que le moi n’a pas encore ratifiées, ni incorporées. Il arrive qu’elles cherchent à m’entraîner malgré moi et traversent ma conscience en la submergeant, [XIII] sans que j’aie le loisir d’y adhérer et de les assumer. On dirait qu’elles sont en moi sans être moi. Ce sont des forces qui agissent en moi sans moi. Et je m’excuse toujours d’être si faible que tantôt il me semble que j’y succombe, comme dans les poussées de l’instinct ou de la passion, et tantôt qu’elles me portent au-dessus de moi-même, comme dans certaines dictées de l’inspiration.
III
Le moi ou le pouvoir indivisible
de se connaitre et de se faire
La conscience de soi ne se réduit pas à la découverte d’un être secret dont je reconnaîtrais qu’il est mien. Elle est inséparable d’une initiative qu’il dépend de moi d’exercer. Le moi n’est pas un être donné, mais un être qui se donne tous les jours à lui-même. Quand il s’interroge sur soi, il arrive qu’il ne trouve rien en soi qu’une sorte de désert. Et l’on comprend que celui qui cherche un objet dont il puisse dire qu’il est sien ne rencontre que son corps. Ce corps, il est vrai, produit sans cesse une sorte de vibration intérieure dont le moi ne se délivre jamais, mais qui le ruine, s’il s’y complaît, et l’offusque ou le paralyse plutôt qu’elle ne le constitue. Car [XIV] le moi n’est point une chose : il est un simple pouvoir qui détient en lui des ressources cachées, toujours disponibles, mais dont l’usage est entre ses mains. Que d’hommes qui les laissent inemployées et ne deviennent jamais tout ce qu’ils pourraient être ! Mais nul d’entre eux ne réussit à réaliser jamais la totalité même de l’être dont il portait en lui la possibilité. Et il semble que chacun de nous meure toujours inachevé. Toutes ces tendances qui sont en nous, et qui n’affleurent pas toujours à la lumière, forment la matière de toutes nos intentions ; seulement c’est à nous qu’il appartient de les mettre en œuvre. Ainsi nous sommes responsables à la fois d’agir et de ne pas agir. On le voit bien dans cette ambiguïté qui nous apparaît comme inséparable de l’intention elle-même, dès qu’on entreprend de la juger ; car là où il n’y a pas d’intention, le moi cesse d’être présent, et là où il n’y a qu’une intention, le moi demeure un être virtuel, qui n’est point encore réalisé : dans les deux cas, la justice nous tient quitte.
La difficulté naît toujours de cette pensée qu’il y a en nous un moi qui est distinct de la conscience même que nous en avons. Mais tout d’abord, avant que j’en aie pris conscience, il n’y a rien dont je puisse dire ni qu’il m’appartienne, ni, à plus forte raison, que je le sois. Et cette conscience elle-même ne réside pas dans la lumière par laquelle j’éclaire une autre chose qu’elle, mais dans un acte que j’assume et par lequel je produis cette lumière sans laquelle nulle chose ne serait mienne. La conscience de soi est distincte [XV] de soi, si on imagine que le soi est comme un objet qui m’est offert du dehors, et identique à soi, s’il est l’opération intérieure par laquelle je me fais moi-même ce que je suis.
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La conscience de soi dépasse donc singulièrement la distinction que nous établissons presque toujours entre la connaissance et l’action. Il n’y a pas de différence pour le moi entre se connaître et se faire.
Dans la conscience de soi, c’est le mystère de la vie qui se découvre à moi en pleine lumière, mais sans rien perdre de son caractère mystérieux, car c’est cette lumière même qui en fait le plus grand mystère. Elle est le point où je ne cesse de me découvrir et de me créer à la fois, mais où la découverte et la création de soi se confondent pour elle avec la découverte et la création du monde.
IV
Le moi est une solitude ouverte
sur tout l’univers
La conscience de soi n’a jamais fini de livrer tout ce qu’elle est capable de contenir. Nous sommes si étroitement unis aux [XVI] choses et aux êtres que nous rencontrons sur notre chemin que nous ne pouvons pas éclore à nous-même sans que le monde tout entier vienne aussi pour nous à éclosion. La conscience me fait surgir à l’existence ; et du même coup je vois surgir à l’existence toutes ces choses et tous ces êtres qui habitent avec moi le même monde et avec lesquels je vais nouer toutes les relations imprévisibles qui formeront la trame de mon existence. C’est pour moi une continuelle révélation et c’est une création ininterrompue.
L’être blasé et indifférent est celui en qui la conscience de soi s’éteint par degrés. L’accoutumance peu à peu l’enveloppe et l’endort. L’existence est pour lui une sorte d’objet irritant et familier à la fois dont la seule présence l’ennuie et le rebute. Il la repousse naturellement dans la nuit, c’est-à-dire dans le néant.
Mais la conscience de soi est une aurore perpétuellement nouvelle. C’est une lumière que l’on sent à peine venir, mais que l’on voit tour à tour dessiner les contours des choses, rendre leur profondeur transparente, changer à chaque instant leur aspect et nous donner bientôt le spectacle d’un monde dont nous sommes le centre, mais dont la figure varie et se multiplie sans cesse selon le moindre mouvement de nos pas ou seulement de notre regard. Ce n’est pas seulement, comme on le croit, une lueur secrète qui n’éclaire que notre caverne intérieure. C’est la même lumière qui nous découvre le dedans et le dehors. Que l’on perde conscience, c’est le moi [XVII] qui sombre, mais c’est aussi l’univers qui s’écroule. Là où la conscience de soi s’atténue, il ne faut pas croire que les choses acquièrent en échange plus de relief : l’intérêt et la vie se retirent d’elles. Elles ne sont plus que des images dépourvues de signification. Elles cessent de nous émouvoir. Leur existence n’est plus comparable à la nôtre. Nous cessons de faire partie avec elles du même univers ; elles se détachent de nous et ne coopèrent plus avec nous à l’aventure de notre destinée.
À plus forte raison, la présence des autres hommes dans le monde est-elle inséparable de la nôtre : la conscience de soi, c’est pour chacun de nous la conscience de ses relations avec autrui. Que resterait-il de nous-même s’il fallait couper les liens qui nous unissent à tous les êtres au milieu desquels nous vivons, dont le moindre contact suffit à modifier notre équilibre intérieur et parfois à changer le sens de notre existence tout entière ? Dans le secret de la solitude, c’est à tous ces êtres réels ou possibles que nous ne cessons de penser et dont la seule image, dès qu’elle s’offre à nous, suffit à ranimer en nous la flamme de la vie.
Cela est si vrai qu’on peut même se demander s’il n’y a pas une unité de la conscience humaine qui se divise entre toutes les consciences individuelles, comme en une multiplicité de points lumineux, mais dont la lumière, par une suite de réflexions et de réfractions, vient de partout, de telle sorte que chacun d’eux est à l’égard de tous les autres [XVIII] à la fois éclairant et éclairé, c’est-à-dire sans doute à la fois créé et créateur.
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Telle est la raison pour laquelle la conscience de soi, loin de nous enfermer dans notre être séparé comme dans une étroite cellule, nous donne une ouverture sur l’infini.
La conscience de soi me découvre l’intimité d’une solitude, mais où l’univers peut être reçu. C’est la solitude d’une naissance, mais qui est celle de l’univers.
V
Le moi a l’univers pour miroir
Le monde est comme un vaste Soi auquel en droit le moi est coextensif : il contient d’incalculables richesses, mais ce ne sont en moi que des puissances dont la disposition m’est pour ainsi dire remise. Ces puissances ne contribuent pas seulement à me découvrir et à me faire ce que je suis : c’est le monde tout entier qu’elles obligent à se déployer devant moi. La conscience que chacun de nous a su prendre de soi devient, dans une sorte de projection, le visage même que le monde lui [XIX] montre. Et l’aventure de Narcisse témoigne qu’il n’y a pas de fontaine miraculeuse où le moi réussirait à se voir. C’est qu’il n’y a pas pour lui d’autre miroir que le monde. Car il n’a pas d’existence séparée. Le monde est son reflet. Loin de dire que je puis tout connaître à l’exception de moi-même, il faut dire que, dans tout ce que je puis connaître, je ne connais jamais que moi-même. Ainsi, le propre de la conscience de soi, c’est de spiritualiser l’image du monde, de m’en livrer l’intériorité et le sens.
La conscience de soi est donc une présence à soi et au monde, une présence de tous les instants : plus je suis présent à moi-même, plus je suis présent au monde ; là où cesse la conscience de soi, je vis dans une perpétuelle absence. Elle est un dialogue de soi avec soi, avec les choses, avec les autres êtres et avec Dieu. Et dans ce dialogue, je ne sais plus si c’est moi qui me réponds à moi-même ou si je reçois une réponse silencieuse de tout ce qui est. Je suis toujours au dedans de moi-même et toujours au dehors : à mesure que j’avance davantage, la ligne de séparation entre le dedans et le dehors ne cesse de s’effacer et de se reformer. On croit trop aisément qu’il est facile d’établir une frontière rigoureuse entre ce qui est moi et ce qui n’est pas moi. Mais qui oserait dire : jusque là c’est moi, et non point au delà ? Cette frontière est indéfiniment variable et indéfiniment extensible suivant la direction et la puissance de l’attention ou de l’amour. Je sens à chaque instant et dans une suite ininterrompue d’oscillations le [XX] monde qui s’agrandit ou qui se rétrécit pour moi, qui tantôt m’accueille et tantôt m’abandonne.
Rien ici ne se trouve d’avance fixé, arrêté ou circonscrit. Car la conscience de ce que je suis, c’est la conscience de ce que je puis être, d’une puissance sans cesse en action et qui ne réussit jamais à s’épuiser. De cette puissance, la conscience me permet de disposer dans le miracle de l’instant. Il n’y a pas ici connaissance d’une chose donnée, mais seulement lucidité dans l’exercice d’une activité dont le jeu ne peut jamais être suspendu. Elle n’est donc pas comme la vision d’un paysage qui s’offrirait du dehors au regard, mais comme un paysage qui naîtrait de l’acte même du regard. La conscience de soi est une réflexion sur soi, mais c’est une réflexion qui, au lieu de supposer l’objet auquel elle s’applique, l’engendre en s’y appliquant.
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Il ne faudrait pas penser que la conscience de soi nous découvre des trésors qui résideraient par avance, selon une expression célèbre, dans un coffret dont elle nous donnerait la clef. Ce n’est là qu’une métaphore. Et il serait préférable de la renverser : car il serait plus vrai de dire que la conscience de soi nous retire tout ce que nous pensions avoir. Elle exige que nous soyons libres et démunis, d’une parfaite pauvreté, que nous ne songions à rien acquérir, ni à rien retenir. Tout ce que nous appelons richesse est comme un [XXI] fardeau sur nos épaules, un voile devant notre regard. La conscience de soi nous apprend à ne rien posséder afin de devenir présent à tout ce qui est et à tout ce qui peut être. Il faut qu’elle se réduise à un acte d’attention pure qui n’est, au fond de nous-même, qu’une sorte de participation consentie à cet acte éternel et toujours recommencé, qui est l’acte même de la création.
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