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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

José Ortega y Gasset, Autour de Galilée. (1933) [2022]
Préface du traducteur


Une édition électronique réalisée à partir du livre de José Ortega y Gasset, Autour de Galilée. Traduction française inédite du livre En Torno a Galileo. Traduction française inédite de Luc Roche, professeur de philosophie au Lycée Pierre-Gilles de Gennes à Cosne-sur-Loire, France. Première édition: 2017, Perspectives libres, Éditeur. Chicoutimi, Québec : Les Classiques des sciences sociales pour l'édition numérique en libre accès, 2022, 124 pp. [Le traducteur, Luc Roche, nous accordé le 28 août 2022 son autorisation de diffuser en libre accès à tous, dans Les Classiques des sciences sociales, sa traduction française du livre El Torno a Galileo. Leçons-conférences données à l’Université de Madrid en 1933.]

Autour de Galilée.
Traduction française inédite du livre En Torno a Galileo.

Préface du traducteur

Le XXIe siècle sera galiléen, ou ne sera pas…

Luc Roche,
professeur de philosophie
26 octobre 2015


Autour de Galilée représente l’équivalent, pour la philosophie de l’histoire, de ce chef-d’œuvre que fut La Révolte des masses, d’ailleurs récemment réédité, pour la philosophie du fait social. Le livre est un recueil de leçons-conférences, données par le professeur Ortega y Gasset, à l’Université de Madrid, en 1933, à l’occasion de la commémoration, trois cents ans plus tard, du tristement célèbre procès Galilée, où l’astronome dut abjurer ses travaux scientifiques, sous la pression de l’Église (un fait que nous rappelons, du reste, sans aucun anticléricalisme : Galilée soutenait le double mouvement de la terre, l’Église en restait au bon vieux géocentrisme d’Aristote ; elle mit un peu de temps avant de laisser l’astronomie voler de ses propres ailes). Mais il ne faut pas s’attendre, de la part d’Ortega y Gasset, à un exposé monographique sur la vie, l’œuvre et la cosmovisión, comme on dit en Espagne, de Galilée. Non seulement le grand astronome inquiété par l’Inquisition en 1633 n’est cité qu’un petit nombre de fois, mais Ortega s’intéresse surtout à l’étude… du XVe siècle ! En réalité, Galilée n’est que l’éponyme d’une génération charnière où l’on bascule d’un monde encore médiéval au plein avènement de la modernité. Les périodisations ortéguiennes sont un peu différentes des découpages habituels qu’on trouve chez les historiens, et la « Renaissance », qui n’en est d’ailleurs pas une, n’est que la phase terminale d’une longue crise de trois ou quatre siècles, qui s’étend de la fin du XIIIe siècle, après saint Thomas d’Aquin, jusqu’aux débuts du XVIIe siècle, juste avant, précisément, Descartes et Galilée. De la même façon, Ortega y Gasset estime que la crise du paganisme gréco-latin débute avec Cicéron, sous la République, vers la fin du premier siècle av. J.-C., pour s’achever avec la christianisation définitive de l’Empire romain, au IVe siècle. Il ressent également les premiers signes d’une crise de sortie de la modernité, après la Guerre de 1914-18, lorsque, définitivement, se trouve ruiné le paradigme d’une humanité vivant confortablement unifiée sous des valeurs rationalistes et technicistes. Ortega y Gasset est donc l’un des premiers théoriciens de la post-modernité, en tant que crise des valeurs humanistes et rationnelles, et ses textes restent profondément actuels puisque, précisément, nous sommes toujours, en ce début de XXIe siècle, des post-modernes. Philosophe de l’histoire, Ortega y Gasset est un penseur majeur de ce qu’on appelle les crises historiques, dont il trace à chaque fois le schème ou le schéma, comme il l’annonce au début de l’ouvrage.

Qui dit crise, dit sortie de crise…

D’un côté, la philosophie d’Ortega nous rendra, nous lecteurs, bien pessimistes, puisque, comme on l’a vu, les crises (en d’autres termes, les « décadences ») durent en général plusieurs siècles, et que nous autres, post-modernes, nous ne sommes vraisemblablement qu’au début de nos soucis [1]. Mais, d’un autre côté, la philosophie ortéguienne prévoit une porte de sortie : une théorie du salut intellectuel, qui ressemble, sans se confondre avec elle, à la doctrine chrétienne de la rédemption. Ortega y Gasset distingue en effet deux types d’intellectuels en temps de crise.

1) Il y a d’un côté « l’homme cultivé », expression d’une ironie désopilante : c’est le partisan de la vieille culture d’autrefois, mais désormais entrée en crise, en décadence, devenue inopérante, voire nuisible, et les positions de cet homme – eût-il énormément d’impact et de renommée dans la société de son temps – se réduisent à des lieux communs et à des phrases toutes faites. En clair, cet « homme cultivé » est à lui-même sa propre caricature. Par exemple, Cicéron, pontife et consul qui ne croit plus ni à son polythéisme ni aux formes administratives sclérosées de la République, mais continue à les soutenir, ou encore certains emberlificoteurs, malgré tout célèbres et influents, de la Renaissance – néo-païens et chrétiens à la fois, selon l’humeur – aux idées confuses et incohérentes.

2) Il y a, de l’autre côté, l’intellectuel « sauvé » au sens philosophique du terme. Il est ce qu’on appelle, parfois, « le meilleur esprit de son époque » ; en clair, il s’agit d’un dissident de la pensée, d’un grand lucide, d’un grand clairvoyant qui perçoit la caducité de la culture en place, dénonce ses insuffisances, et indique la direction de l’avenir. Peu importe que ce dissident soit relativement tranquille ou persécuté, riche ou pauvre, encore célèbre ou totalement oublié, il appartient à cette aristocratie spirituelle dont, déjà, La Révolte des masses avait suggéré l’existence (par opposition à la platitude impavide de l’homme-masse) : ici, à titre d’exemple, on trouvera – chrétiens ou post-chrétiens – des saint Augustin, des Duns Scot et des Nicolas de Cues, des Copernic, des Descartes et des Galilée. Le dissident, cet empêcheur de penser en rond, existe aussi dans les périodes de calme culturel (on songe à Duns Scot, théologien d’un XIIIe siècle encore à peu près tranquille), lorsqu’il n’y a pas encore de crise intellectuelle, mais sa vocation et sa mission – termes ortéguiens – sont d’autant plus méritoires, en temps de crise, et de crise violente, qu’elles comportent davantage de risques. Il ne fait pas bon, en effet, s’opposer à une culture établie depuis trop longtemps, rigidifiée, sclérosée, et d’autant plus agressive qu’elle sent sa fin prochaine [2].

Et il y a aussi l’intellectuel… normal. Celui-ci a la chance de vivre avant le déclenchement des crises. Il est l’expression d’une culture encore vivante et dynamique, bien installée, bien calée sur elle-même, bien carrée, mais pas sclérosée, comme un homme dans la force de l’âge ; cette culture ne manifeste aucun déchirement, elle n’est pas tragique. Pour cette raison, la pensée de cette catégorie d’intellectuels est ample, mais un peu lourde, et pas très fine. C’est le portrait qu’Ortega y Gasset nous livre du bon Docteur Angélique – saint Thomas d’Aquin – qui parvient à une synthèse heureuse entre la raison grecque et la théologie chrétienne. Pour Ortega y Gasset, le XIIIe siècle constitue l’apogée du Moyen-Âge : c’est à peine s’il y a des « problèmes », au sens culturel du terme, tant pour l’homme du peuple que pour les clercs. Les XVe et XVIe siècles, en comparaison, sont catastrophiques. Mais exaltants.

La crise favorise, on l’a vu, l’apparition de cet « homme cultivé » dont se moquent les vrais philosophes. À un autre niveau, elle favorise également deux autres figures négatives : celle de « l’homme-masse » et celle de « l’homme d’action ».

1) L’homme-masse n’est pas exactement l’homme de la foule, vieille figure des temps anciens et révolus. Il est l’avatar tardif, dans les démocraties occidentales contemporaines, du brave homme du peuple d’autrefois, sur un mode nettement moins sympathique. L’homme-masse n’apparaît pas dans toutes les crises, mais il est la figure centrale de la crise post-moderne, personnage conceptuel principal de La Révolte des masses. Dans Autour de Galilée, il n’apparaît plus qu’une fois, mais toujours sous la forme d’un citoyen médiocre, ne possédant pas de vraies connaissances, sans intériorité ni authenticité, ni vraie moralité – et qui se croit autorisé à donner son avis sur tout, et d’autant plus souvent que ses avis sont stupides. Le texte dit en effet, dans un passage consacré à l’art contemporain, dont Ortega considérait l’avènement avec un certain mépris amusé : « L’homme désespéré de la culture se retourne contre elle et déclare caduques, abolies, ses lois et ses normes. L’homme-masse qui, dans ces époques, prend la direction de la vie se sent profondément flatté, parce que la culture, qui est avant tout un impératif d’authenticité, lui pèse trop, et qu’il voit dans cette abolition l’autorisation de monter sur ses grands chevaux, de se mettre hors de lui et de se livrer au libertinage. »

2) L’homme d’action, plus simple à définir peut-être, est la brute opportuniste, le politicien sans scrupule, qui profite de la crise des valeurs et des idées pour imposer sa tyrannie (définition qui rappelle étrangement les analyses de Platon au livre VIII de la République). Ortega cite l’aventurier le plus fameux de Renaissance : César Borgia. Mais tout laisse à penser qu’il songe aussi aux dictateurs montants, ou déjà installés, des années 30, tant du côté bolchevique que du côté des fascismes.

Or, précisément… Quelle fut la position de ce libéral [3] en politique, concernant des systèmes totalitaires auxquels il fait d’assez fréquentes allusions devant ses élèves ? Il est très important de lire et de relire la pertinente leçon 9, tout entière consacrée au thème de l’extrémisme. La position d’Ortega y Gasset est d’une grande complexité. Pour lui, l’extrémisme – qui n’apparaît qu’en temps de crise culturelle – est une vaste falsification de la vie. Car, en effet, l’extrémisme procède d’un dégoût et d’un rejet de la culture antécédente – à juste titre, au départ, puisqu’elle est sclérosée – mais les effets de cette récusation sont étranges : comme il est impossible d’abandonner pour de bon la totalité des paradigmes établis, l’extrémiste en vient à les rejeter tous… sauf un et un seul, qu’il va grossir et exacerber ! Exemples :

1) L’extrémiste bolchevique rejette toute la culture occidentale en bloc, sauf une problématique : la question sociale, c’est-à-dire la condition ouvrière. Le bolchevisme est donc la monomanie, l’obsession de la question ouvrière. Ce qui ne signifie pas, bien entendu, que les prolétaires y trouveront, réellement, leur compte, l’extrémisme étant une falsification (c’est-à-dire, plus simplement, une démagogie).

2) L’extrémiste nazi rejette lui aussi tous les paradigmes de la démocratie occidentale, sauf une question, au départ purement scientifique : la question des races ; et il se déploie donc, très logiquement, comme une obsession raciste (au passage, Ortega y Gasset déplore vivement la révocation de ses collègues juifs dans les universités allemandes).

Mais il y a extrémisme et extrémisme. Lorsque saint Paul – le plus grand extrémiste chrétien selon Ortega – rejette, en bloc, toute la culture gréco-latine païenne de son époque, ainsi que toute la culture juive qui fut la sienne avant sa conversion sur le chemin de Damas, ce n’est pas pour en conserver quelque détail qu’il irait grossir et exalter. C’est toute la vie terrestre – dans son ensemble, avec ses usages, ses références, ses paradigmes – que saint Paul récuse au profit de l’arrière-monde divin, celui qui ne se manifeste qu’après la mort. Saint Paul appelle donc à la « folie de la prédication » contre la sagesse des Grecs, mais aussi contre la Loi juive (face à laquelle le christianisme est perçu comme un scandale). D’où le cri récurrent de saint Paul : Convertissez-vous !

Et c’est à ce moment-là qu’Ortega y Gasset nous fabrique un de ces coups de théâtre intellectuel dont il a le secret : l’extrémisme radical, supra-terrestre, de saint Paul devient le modèle symbolique de toute la dissidence intellectuelle. Ortega y Gasset, qui se déclare pourtant agnostique vers la fin de ses cours sur Galilée, nous enjoint à la conversion et nous demande de travailler – au sens intellectuel du terme – à notre « salut ». Le vrai penseur, le véritable philosophe devient une figure de la rupture radicale, une sorte de rebelle, qui se déprend de toute la culture antécédente, devenue un champ de ruines, tout simplement pour regarder ailleurs, du côté opposé, un peu comme l’affranchi de la caverne de Platon – pour, en un mot, se convertir et se sauver. Pour ne pas devenir l’idéologue – sophiste ou idiot utile – d’une culture désormais caduque.

Toutefois, et nous terminerons sur ce point, il ne s’agit point d’inciter à ce qu’on nommerait aujourd’hui une « rebelle-attitude » ou une « rebellocratie ». L’aristocratie intellectuelle dépeinte par Ortega – qui comprend autant de penseurs chrétiens que de post-chrétiens voire de non-chrétiens – n’évite pas le piège de « l’homme cultivé » pour tomber dans les errements de « l’homme-masse ». Ortega montre que bien des attitudes de rejet sans discernement sont de pures et simples falsifications elles aussi. Comme cet art contemporain qui rejette toutes les règles de l’art, et qui fabrique du grotesque, voire de l’abject, c’est-à-dire qu’il ne crée rien du tout. La dissidence n’est pas la régression, ni l’attrait du vide. Descartes ne pratique pas le doute méthodique pour substituer un néant conceptuel à l’ancienne culture scolastique dépassée, mais, tout au contraire, pour fonder et promouvoir une autre culture, tout aussi riche, celle de la raison positive. Idem pour Galilée. Idem pour les premiers chrétiens extrémistes (dont saint Augustin est le dernier représentant). Idem pour nous autres, citoyens du XXIe siècle, qui devront dépasser des valeurs humanistes et rationalistes modernes, devenues caricatures d’elles-mêmes, en créant d’autres paradigmes [4]. Le vrai penseur est donc rentré en lui-même, ensimismado, comme le dit Ortega ; il est, en d’autres termes, bien calé sur lui-même, bien cuirassé, bien défendu et protégé des falsifications culturelles dont, précisément, « l’homme cultivé » et « l’homme-masse », chacun à sa manière, sont les réceptacles inertes. Tout au contraire, « l’homme cultivé » (le barbare savant [5]) et « l’homme-masse » (le barbare inculte) sont altérés, aliénés, alterados ; ils ne sont que l’extérieur d’eux-mêmes ; ils se réduisent à ce qu’une culture dépassée, agonisante et agressive a fait d’eux. Ils ne sont que des produits culturels, des conséquences sur pattes, des pantins aux mains de leur époque, quand bien même – et surtout lorsque c’est le cas – ils manifesteraient l’individualisme le plus autiste ou l’égoïsme le plus révoltant et le plus rouleur de mécaniques. Le vrai rebelle n’est pas un matamore ; il est discret au sens propre, c’est-à-dire à part.

Les périodes de crise sont difficiles et douloureuses. De saint Paul, pourchassé par la Rome païenne, à Galilée redoutant l’Inquisition catholique, l’aristocratie de l’intelligence y est souvent persécutée, et pour des raisons contradictoires en fonction des époques. Sans compter que la crise est longue et n’en finit pas de finir… Il reste toutefois une note d’optimisme dans la philosophie ortéguienne, contenue dans l’idée de génération. Pour Ortega y Gasset, le monde change tous les quinze ans, notamment lorsque les hommes de 30 à 45 ans, l’âge de la gestation, commencent à polémiquer avec ceux qui ont entre 45 et 60 ans, l’âge de la prédominance. On laisse le soin au lecteur de découvrir la séduisante complexité, sous des apparences un peu artificielles, de cette philosophie des conflits intergénérationnels, mais une chose est certaine : l’environnement culturel de notre vieillesse ne sera pas du tout celui de notre jeunesse ; et c’est en ce sens seulement qu’il y a du déterminisme en histoire, que la sortie de crise est inéluctable au terme d’une multitude de petites modifications culturelles, quantitatives si l’on veut, qui finissent au bout d’un temps plus ou moins long, à force de s’additionner, par un saut culturel qualitatif – et définitif. On reconnaît le crétinisme générationnel, précisément, à cette incapacité de l’homme « cultivé » et de l’homme-masse à percevoir ces petites différences de degré qui font qu’on change un peu de monde à chaque génération – et selon Ortega, tous les quinze ans. Crétinisme aujourd’hui, par exemple, de ces « intellectuels » systémiques, véritables mandarins et vaches sacrés des médias mainstream, qui passent leur temps à fustiger une France moisie, ringarde ou frileuse – d’un autre âge selon eux qui se veulent adolescents d’esprit même à des âges très avancés –, le tout au nom d’un humanisme libertaire facile, datant de mai 1968, dont les « Interdits d’interdire » et autres « Jouissez sans entrave » ressemblent désormais aux sourires aguicheurs d’une vieille dame indigne…

Luc Roche
Professeur de philosophie
Le 26 octobre 2016



[1] Une idée qui fut d’ailleurs reprise, dans la seconde moitié du XXe siècle, par cet épistémologue français un peu oublié qu’était Raymond Ruyer, dans des ouvrages tels que La Gnose de Princeton ou Les Cent prochains siècles : Ruyer prévoyait aussi qu’il faudrait dépasser le scientisme rationaliste, mais il pensait que l’humanité connaîtrait de très graves catastrophes au moins pendant deux ou trois siècles. La futurologie du grand universitaire de Nancy semble difficile à contredire actuellement, tant la situation est tendue au niveau social, sociétal, environnemental et géopolitique…

[2] Nous avons les mêmes difficultés aujourd’hui. Nous nous croyons humanistes et rationalistes, car nous croyons encore être des modernes ; en réalité nous ne sommes que des caricatures d’humanistes et de rationalistes, nous sommes des post-modernes. Nous possédons nos propres « hommes cultivés », qu’on appelle aujourd’hui des intellectuels « bien-pensants », c’est-à-dire des sophistes ou des naïfs professant de grandes idées généreuses, avec lesquelles on s’imagine, par exemple, conjurer les menaces d’attentats… Telle est notre scolastique, tels sont nos paradigmes.

[3] Ortega y Gasset est un libéral au sens politique, partisan – quoique sans illusions, et même avec inquiétude – de la démocratie, et théoricien de la Seconde République espagnole, laquelle fut engloutie dans la guerre civile. Très anti-bolchevique, Ortega conservait quelque affinité avec la phalange, mais, penseur inclassable, ni de droite ni de gauche, et un peu les deux à la fois, pour parodier sa propre formule, il fut aussi persécuté par le franquisme (Cf. les pressentiments de la leçon 11).

[4] Lesquels seront, très probablement, des paradigmes incluant un fond gréco-latin, un fond chrétien, un fond rationaliste et humaniste. La synthèse englobant et dépassant ces paradigmes anciens reste toutefois à inventer.

[5] Cette figure apparaît déjà dans La Révolte des masses sous la forme d’un savant très spécialisé qui, sorti de son domaine, est totalement aveugle et imbécile.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 21 septembre 2022 7:10
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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