Avant-propos
« Le passé est toujours présent. »
Maurice Maeterlinck
La notice monographique que vous tenez entre vos mains n’est pas une biographie qu’un historien pourrait élaborer, selon les canons du métier, concernant un tel personnage. Par ailleurs, une biographie est en chantier actuellement sous les soins d'un écrivain qui a fait ses preuves. Les pages qui suivent ne sont pas, cependant, une hagiographie, un genre qui déplaisait tant au Frère Jean-Paul lui-même, un genre qui abuse de l’encens avant la canonisation! Les pages qui suivent se présentent à vous comme un essai sans prétention aucune. Elles ont pour but d’exposer, dans ses lignes majeures, le parcours d’un confrère parmi les hommes de notre planète, et le rayonnement, l’impact, que ce passage y a suscité.
Chez les Frères Maristes, une solide coutume s’est établie depuis les premières années de leur Institut : présenter aux confrères, aux proches et aux amis des disparus quelques aspects de l’histoire personnelle de ces derniers pour perpétuer leur souvenir afin que, parmi les survivants, « le passé reste toujours présent ». Ces hommages fraternels concernent des hommes qui se sont mis au service du Seigneur et de la jeunesse, et qui ont tenu à demeurer stables dans un état qu’ils ont librement choisi : fidèles au Dieu fidèle. De tels documents établis sans tout l’arsenal habituel des historiens sont plutôt brefs : entre 30 et 50 pages de format 8½ par 5½, rarement plus. Le présent document sortira forcément de ces limites trop étroites pour contenir le vécu de notre personnage.
C’est donc un modeste essai que vous pourrez parcourir en ces pages en attendant nous le souhaitons vivement que des auteurs plus qualifiés que moi soient mus par le désir de présenter au grand public cet éducateur de carrière : un Frère enseignant qui a mis sa personnalité, son cœur et sa plume au service de l’éducation chrétienne de la jeunesse de la Province de Québec durant une période de profonde remise en question de tant de nos valeurs traditionnelles. Nous vivions, en ces années soixante, ce que plusieurs historiens appellent, d’une façon peut-être trop pompeuse, mais sûrement ambiguë, « notre révolution tranquille ». Nous le savons trop bien : toute révolution risque de produire des victimes!
À cette heure où plusieurs des collaborateurs et collaboratrices du Frère Jean-Paul Desbiens demeurent encore parmi nous, actifs ou retraités, et où, en même temps, une masse déjà imposante de documents s’offrent à nous, une telle biographie, selon moi, serait grandement facilitée tout en exerçant une influence opportune sur l’orientation de nouvelles réformes basées dorénavant sur des valeurs plus authentiques : je veux dire plus conformes aux buts et aux orientations que notre nation pourrait envisager dans un futur proche, un futur qui reste relié au passé, dans le respect de ce passé tout en évoluant, mais dans le respect de tous.
La jeunesse, « espoir de la nation et espoir de l’Église », ainsi que l’appelle Vatican II, attend, elle aussi, un tel ouvrage. En premier lieu, éducatrices et éducateurs seront, à sa lecture, davantage motivés pour poursuivre leur service d’enseignement en répondant avec un élan dynamisé à l’invitation clairement exprimée d’un éducateur d’une telle qualité intellectuelle, religieuse et humaine. Les pages que vous acceptez de parcourir mettront en lumière, nous l’espérons, certains aspects de première importance dont notre société moderne pourrait tirer son profit!
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