Lexode des jeunes en régions est un mythe qui a assez duré. Selon une étude réalisée par une vingtaine de chercheurs québécois, le tiers des jeunes qui ont quitté reviennent ensuite sinstaller dans leur région et 60% seraient prêts à faire de même, si les circonstances sy prêtaient. « Au début de cette étude, nous avions en tête les pires scénarios, où tous les jeunes sen allaient pour ne plus revenir. Or, nous avons découvert que le phénomène est loin dêtre irréversible. De plus, la très grande majorité de ceux qui ont quitté continuent à se sentir très préoccupés par ce qui se passe dans leur région », indique Mme Madeleine Gauthier, chercheure à lINRS-Urbanisation, Culture et Société et coordonnatrice du Groupe de recherche sur la migration des jeunes.
De telles données justifient que les politiques à développer doivent davantage chercher à attirer quà retenir les jeunes. « Je suis convaincue quil ny a pas une région qui ne compte aucun attrait susceptible dattirer les jeunes. Il faut donc travailler à développer les forces et les faiblesses de chacune des régions ».
De plus, beaucoup de jeunes ont, notamment, dénoncé la « lenteur des élus locaux ». Pour Mme Gauthier, il serait sans doute possible de résoudre ce problème en permettant aux jeunes de simplanter davantage dans les décisions qui touchent leur communauté. Le mouvement Place aux jeunes, les forums jeunesse et les carrefours jeunesse-emploi constituent par conséquent des exemples dinitiatives encourageantes.
« Ce sont en effet, tous des lieux qui ont été aménagés récemment et qui permettent de penser que les jeunes pourront de plus en plus prendre la place qui leur revient dans le développement des régions. »
Dans le cadre de cette étude, une vingtaine de chercheurs, provenant des institutions denseignement de partout au Québec, se sont intéressés au mouvement de migration des jeunes. Au total, ce sont 5,518 personnes, âgées de 20 à 34 ans, qui ont été interrogées.
Il a ainsi été possible dapprendre quune minorité de jeunes, 46,7%, choisissent daller vivre à lextérieur de leur région dorigine. Les motifs évoqués par ces dernier savèrent particulièrement variés. « Lemploi est un facteur important, mais il nexplique pas tout. En fait, nous nous sommes rendus compte que les jeunes quittent dabord pour aller étudier. Il y a aussi dautres considérations, comme le fait de suivre un conjoint ou la simple volonté daller voir ce qui se passe à lextérieur du patelin. »
Interrogés à savoir à quelles conditions accepteraient-ils de revenir dans leur région, les jeunes ont évidemment répondu en grand nombre la possibilité de se trouver un emploi et de gagner leur vie convenablement. Mais, ils ont aussi dit considérer dautres facteurs comme la possibilité de vivre avec des gens aimés et le fait de pouvoir profiter dune bonne qualité de vie.
Le phénomène de la migration des jeunes varie également beaucoup selon les régions. Par exemple, en Abitibi-Témiscamingue, les jeunes quittent plus tôt la région, mais ont tendance à être plus nombreux à revenir quailleurs au Québec.
Ces propos refraîchissants ont semblé réjouir beaucoup de personnes qui assistaient aux Journées du développement économique local. « À partir de maintenant, on ne pourra plus dire que cest la faute des jeunes si les régions connaissent des difficultés », a commenté M. Yvon Leclerc, président de lAssociation des centres locaux de développement du Québec (ACLDQ).
Dernière mise à jour de cette page le samedi 24 février 200713:46
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
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