Présentation de la bibliothèque numérique
Les Classiques des sciences sociales
par monsieur Jean-Marie Tremblay,
directeur-fondateur.
et Gilles Caron, directeur retraité,
Bibliothèque Paul-Émile Boulet, UQAC.
au 74e Congrès mondial des bibliothèques et de l'information
à Québec, le 13 août 2008, 13h 45.
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1. Intervention de Jean-Marie Tremblay.
Bonjour à vous tous,
Sujet : Présentation de la bibliothèque numérique, Les Classiques des sciences sociales.
On m’a demandé de présenter mon travail, notamment la bibliothèque numérique que j’ai fondée il y a 8 ans et que j’anime toujours bénévolement et à laquelle je travaille depuis 10 ans en consacrant en moyenne annuellement 2,500 heures de travail durant mes loisirs.
Je suis né en 1948 et à l'âge de 10 ans, je savais que je voulais changer le monde. Je voulais faire bien.
Ce sera près de 50 ans plus tard que j’aurai le sentiment d’avoir retrouvé, si je puis m’exprimer ainsi, mon “âme”, c’est-à-dire mon idéal d’enfant, en amorçant dès le début 1999 ce qui allait devenir Les Classiques des sciences sociales, une grande bibliothèque numérique dédiée à la diffusion en accès libre et gratuit des œuvres classiques et contemporaines publiées en sciences sociales. On pourrait presque dire “sciences humaines”.
J’enseigne la sociologie dans un collège pré-universitaire depuis 32 ans déjà. J’ai toujours voulu faire découvrir la sociologie, montrer la pertinence des sciences sociales dans l’explication de la vie sociale. J’ai voulu montrer le caractère rigoureux de la sociologie, en confectionnant des bases de données permettant d’initier mes étudiants au traitement de données quantitatives. J’ai toujours voulu qu’ils découvrent la complexité de la société en leur faisant découvrir la sociologie d’abord, ensuite l’anthropologie, l’économie politique, la démographie, l’histoire, la criminologie, la science politique, le travail social, mais aussi la psychologie et la philosophie. Et quelle meilleure façon qu’en leur donnant accès aux œuvres de Durkheim, Montesquieu, Tocqueville, Ruth Benedict, etc.
En vieillissant, je pensais à toutes mes lectures de jeunesse et je regrettais que mes étudiants ne connaissent pas ces auteurs. Je pensais à Karl Mannheim, Georg Lukacs et combien d’autres.
C’est donc comme ça qu’en 1999, l’idée me vint que je pourrais enfin permettre à mes étudiants de découvrir de grandes œuvres, et cela en accès libre et gratuit, en utilisant internet, à la condition que les œuvres soient du domaine public au Canada.
Et c’était parti.
Mon besoin d’indépendance et de liberté m’a amené à créer un site où les œuvres seraient accessibles en téléchargement. Mon souci de justice sociale m’amenait à rendre toutes ces œuvres accessibles librement et gratuitement à tous.
J’aime la sociologie et je peux enfin faire découvrir cette discipline et les autres connexes en mettant à la disposition des internautes des œuvres pour lesquelles j’ai eu un coup de cœur.
Je travaille à partir de chez-moi. Je consacre à la collection, en dehors de mon temps de travail, presque tous mes loisirs. En fait, un peu plus de 2,500 heures par année de travail volontaire (bénévole).
Si en 2000, j’étais seul. Dix (10) ans plus tard, ce n’est plus le cas. Plus d’une cinquantaine de bénévoles, ont œuvré à divers moments à notre projet. Des centaines de chercheurs et professeurs d’université coopèrent avec nous en nous autorisant à diffuser leurs travaux. Plusieurs éditeurs nous permettent de diffuser des livres encore en circulation commerciale (La Découverte, l’Éditeur du Québec, Les Presses de l’Université de Montréal, Les Éditions Sciences et culture, Les Éditions du Renouveau pédagogique, Fidès, Lux Éditeur, Les Éditions Hurtubise HMH ltée, Les Éditions Nota Bene, pour n’en nommer que quelques-uns.
Plusieurs œuvres en langue étrangère sont enfin disponibles en français parce que des traducteurs professionnels les traduisent pour nous et nous permettent de les rendre disponibles librement et gratuitement à tous.
Les Classiques des sciences sociales, c’est plus qu’une bibliothèque numérique, une vraie (avec métadonnées, fiches de catalogage, fonctions de recherche), c’est un lieu d’accès au savoir en sciences humaines où bénévoles, chercheurs, professeurs, internautes, gens des bibliothèques, éditeurs coopèrent. En un sens, on peut dire que Les Classiques des sciences sociales est une devenue une œuvre collective.
Les Classiques des sciences sociales n’auraient pu voir le jour sans la coopération logistique de l’Université du Québec à Chicoutimi qui nous donne un accès illimité à son serveur internet, l’accès à tous les livres de mon choix et, au besoin, au soutien informatique nécessaire.
La municipalité de Saguenay nous accorde aussi son soutien. Elle nous octroit la somme de $2,500.00 par année, ce qui nous permet de payer, ouf!, nos assurances responsabilité civile.
Mon employeur, le Cégep de Chicoutimi, est gagné à cette initiative et nous soutient de deux manières : d’abord en m’accordant la possibilité d’effectuer une partie de mon temps de travail (disponibilité, préparation de cours, correction chez-moi) ce qui me permet d’être très efficace tout en ne pénalisant pas mes élèves car ils peuvent toujours me rejoindre par téléphone 7 jours par semaine, ensuite en m’aidant financièrement pour l’achat de papeterie, de logiciels et de remplacement de mon super-ordinateur.
Pour faire connaître cette bibliothèque numérique, j’ai utilisé les moyens gratuits à ma disposition. Des métadonnées sur chaque page web et l’indexation des Classiques dans tous les moteurs de recherche. Depuis 2007, l’Université du Québec à Chicoutimi rend disponibles gratuitement à toutes les bibliothèques du monde entier les fiches de catalogage au format MARC des œuvres disponibles dans Les Classiques des sciences sociales.
Nous sommes ainsi visibles sur le web et nous le serons dans tous les catalogues des bibliothèques qui auront importé les fiches de catalogage au format MARC.
Je n’aurais voulu pour rien au monde attendre la retraite pour amorcer le développement de cette belle bibliothèque numérique. Je voulais me battre à ma manière. Je voulais plus de justice sociale, un accès libre à tous, ici comme dans les pays où les bibliothèques sont moins bien garnies.
Je considère Les Classiques des sciences sociales comme une lutte sociale pour l’accès à la connaissance et son partage.
J’ai le sentiment que le numérique peut, lorsque l’accès aux connaissances est gratuit, permettre de réduire les inégalités dans les pays du Tiers-Monde. Lorsque les œuvres sont téléchargeables, cela assure l’autonomie de tous les utilisateurs et les dispense de l’obligation d’une connexion internet continue.
Enfin, je voudrais dire que je n’aurais jamais voulu attendre l’âge de la retraite pour créer cette bibliothèque numérique. Oh, non jamais, car celle-ci est si utile à mes étudiants ainsi qu’à beaucoup d’autres.
Je voudrais ajouter une dernière remarque en terminant. Quatre facteurs m’ont encouragé à créer cette bibliothèque numérique. Les voici, dans l’ordre:
- 1. Les années ’90 ont été pénibles. L’atmosphère était morose. J’avais le sentiment qu’on accordait moins d’intérêt aux sciences sociales et il fallait faire quelque chose contre cette dégradation;
- 2. Pour faire face à la parcellisation des savoirs, ou, si l’on veut, l’émiettement des connaissances, il fallait retourner à l’enseignement des fondateurs de nos disciplines et relire leurs travaux.
- 3. L’avènement d’internet et surtout son utilisation croissante par les familles d’ici, en 1995, 30% des familles de mes élèves étaient branchées contre 80% en 1999 m’ont amené à penser que ce pourrait être là un moyen de communiquer plus facilement avec mes élèves.
J’avais déjà créé depuis quelques années mon propre site pédagogique et celui-ci m’était d’une grande utilité pour mettre à la disposition de mes étudiant(e)s toutes sortes de documents (textes, bases de données, guides pédagogiques, etc.), tous en accès libre et gratuit.
En 1999, j’avais déjà une dizaine de livres de numérisés. Je voulais bien consacrer tout mon temps libre au développement de cette bibliothèque numérique, et cela bénévolement, avec mon propre équipement informatique, mais je ne voulais pas payer pour l’utilisation d’un serveur internet où serait entreposé le site de cette bibliothèque numérique.
Enfin, le quatrième facteur déclencheur a été l’accueil enthousiaste du directeur de la bibliothèque de l’Université du Québec, M. Gilles Caron, maintenant à la retraite, à l’égard de mon projet d’une bibliothèque numérique en sciences sociales. J’avais posé trois conditions :
- 1) totale liberté éditoriale (choix des œuvres, présentation et organisation du site internet), donc aucune ingérence;
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- 2) accès à l’espace illimité, en fait tout l’espace dont j’aurais besoin pour développer le site des Classiques des sciences sociales;
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- 3) Contrôle exclusif du site par moi-même et gestion du site internet à partir de chez-moi, ce qui impliquait l’accès au serveur internet de l’Université à partir de chez-moi.
Bien sûr tout cela en respectant la loi du droit d’auteur en vigueur au Canada.
Après 10 minutes de présentation de mon projet de bibliothèque numérique, j’avais l’accord sans condition du directeur de la bibliothèque de l’Université. Deux jours plus tard, on me donnait mon code d’accès au serveur internet permettant l’accès à partir de chez-moi.
Je créais donc la première version du site des Classiques des sciences sociales. En 2005, l’Université m’aidait à moderniser mon site internet en ajoutant trois fonctions de recherche, en cataloguant toutes les œuvres disponibles et en rafraîchissant la présentation esthétique du site.
Si j’avais été dans un milieu bureaucratisé, dans un milieu contrôlant, Les Classiques des sciences sociales n’auraient pas vu le jour.
Ici au Québec, je n’avais pas besoin d’être une sommité internationale pour présenter mon projet à l’Université. Juste un projet réalisable, une capacité de travail, de la persévérance et la volonté de contribuer au rayonnement des sciences sociales.
Merci.
Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au cégep de Chicoutimi,
Fondateur, Président-directeur général (bénévole)
Les Classiques des sciences sociales
un organisme à but non lucratif indépendant, et ne recevant aucune subvention,
une bibliothèque numérique développée en coopération avec l'Université du Québec à Chicoutimi, le Cégep de Chicoutimi et Ville de Saguenay
http://classiques.uqac.ca/
Site web pédagogique: http://www.uqac.ca/jmt-sociologue/
Courriel 1: [email protected]
Courriel 2: [email protected]
159 rue Beaupré
Chicoutimi, Ville de Saguenay
Québec, Canada
G7G 4E5
Tel. (rés.) 418 690-0106
2. Brève présentation du site
Les Classiques des sciences sociales
par M. Gilles Caron, ex-directeur,
Bibliothèque Paul- Émile-Boulet,
Université du Québec à Chicoutimi.
Principales fonctionnalités du site
Le site permet l’accès à sept (7) collections regroupant plus de 3 500 œuvres de plus de 1 000 auteurs. Les œuvres sont disponibles en texte intégral sous trois formats : Word, PDF et RTF.
Le site et les œuvres sont entièrement « cherchables » dans leur intégralité et ce, à partir du site. On peut, pour ce faire utiliser les métadonnées disponibles ou chercher à travers le texte intégral à partir de Google.
Les métadonnées sont produites suite au catalogage systématique de tous les titres de la collection. Les données sont de format MARC21 et accessibles à partir du catalogue des bibliothèques de l’Université du Québec.
Bien sur, on peut limiter ses recherches par collections, disciplines, date, etc.
Particularité : La Bibliothèque de l’Université du Québec à Chicoutimi étant membre-partenaire de CROSSREF, toutes les notices comportent un DOI afin d’assurer leur unicité et permettre la permanence du lien.
Cette dernière particularité nous a permis de mettre en place un service de diffusion gratuit des notices de format MARC des titres de la collection. Ainsi, toute bibliothèque qui le désire peut se rendre sur notre site et télécharger un fichier des notices MARC de la collection afin d’intégrer celles-ci à leur propre catalogue.
La consultation de la collection. Statistiques récentes.
Je m’en tiendrai à deux séries : les téléchargements et le pays d’origine.
1. Les téléchargements par année académique (juin à mai)
2. L’origine de la consultation (données de mai 2008)
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